Nouvelle adresse dans un quartier qui ne compte
malheureusement pas beaucoup de belles tables car trop touristique, voici une
belle adjonction. Dans une ruelle plutôt discrète vous découvrirez cet
établissement au nom plutôt singulier de « Brugarol ». Lorsque l’on
fait un peu de recherches sur la toile, l’on découvre tout d’abord qu’il s’agit
tout d’abord d’une localité dans l’Emporda mais surtout de l’association de
plusieurs établissements tels que hôtels, domaine viticole, fermes et autres
espaces, situés dans les régions de Gérone et de Palamos. Diverses adresses
sous un même label qui propose moultes expériences autour de la gastronomie, de
la culture, des arts, de festivals et autres activités. A ceci donc vient de s’ajouter
récemment cette nouvelle adresse dans le quartier Gothique.
Une jolie devanture, un intérieur qui à l’air
très cosy, un éclairage très agréable. Tout de suite l’on a envie d’entrer.
L’intérieur n’est pas trop grand, une
cuisine-bar assez petite avec si on le remarque bien, peu d’instrumentation culinaire
car ici pour le moment les plats chauds sont limités à l’utilisation d’une
plaque et d’une friteuse, ce qui n’empêchera pas la prestation d’être de
qualité.
La décoration est très bien pensée avec ces
tableaux qui reprennent le motif des murs de briques de l’époque et ces lampes
bulbes minimalistes.
Peut-être quatre ou cinq tables et une série de
tabouret devant la cuisine où l’on peut bien entendu manger.
Le rangement pour bouteilles, ingrédients et verres
est très esthétique. Une structure métallique avec de la transparence au-dessus
de ce comptoir.
En cuisine vous serez épatés de trouver deux
chefs non pas locaux ni mêmes Européens mais d’origine d’Afrique du Sud !
Sans connaitre tous les détails, je sais qu’ils ont été en étroite collaboration
ou ont un lien de parenté avec l’excellent « Chefs Warehouse &Canteen » du Cap, mémorable adresse où sont proposés par Liam Tomlin plein
de superbes petits plats ou tapas inspirés par diverses contrées. Maintenant ce
que vous trouverez ici est bien entendu inspiré également de l’Espagne avec une
utilisation de produits bio.
Une carte de tapas mais ici avec beaucoup d’originalité.
Flanc à la truffe blanche, une alternance de
couches de ce flanc bien parfumé d’une consistance assez similaire aux flans
japonais et de champignons shitaké en escabèche. On peut appeler cela « fusion »
mais c’est très réussi, bien équilibré et gourmand avec en plus sur le dessus
quelques croutons. Un plat assez technique et étonnant !
On observera qu’ici l’on peut acheter les
divers produits des différents domaines de « Brugarol » comme par
exemple leur huile d’olive ainsi que leur vin rosé pétillant exposé sur les
structures métalliques au-dessus du bar. Aussi des marmelades et conserves.
Seconde superbe assiette avec le poulpe et
navet. Du poulpe très tendre découpé en tranches, un « fideua » de navets
crus ; on a découpé le légume comme des spaghettis, une purée de citron
vert déposée en petites touche, du concombre en tranches, une émulsion d’huitres fraiches et une sauce à
base de Nuoc Mam. C’est déjà très bien présenté, léger, de belles textures et
les saveurs se complètent parfaitement.
Puis une excellente poitrine de porc à la
manière chinoise, purée de topinambour, sauce à base de Jerez Pedro Ximenez,
kataifi et poudre de champignon de montagne. C’est assez astucieux car cela
pourrait faire penser aux saveurs d’Asie mais c’est le sherry qui donne cette
impression, la viande a été cuite à basse température ; le kataifi est normalement
l’un des desserts grecs les plus populaires. Il est fabriqué à partir d’une
pâte à pâtisserie spéciale, composée de minces fils, similaires aux pâtes
cheveux d’ange. Le kataïfi est assemblé en plaçant une extrémité puis en enroulant la pâte. Une fois cuit, le produit fini ressemble à du blé déchiqueté, mais ici il est plutôt là pour ajouter une texture au plat avec sa poudre sur le dessus et des chips de topinambour. Assiette à nouveau originale et très équilibrée.
Ensuite un plat bien gourmand et délicieux que
cet osso-buco cuit à basse température avec une purée de haricots blancs à la
truffe et des filaments de pommes de terre frits sur le dessus.
Une petite mise-en bouche pour le dessert avec
une gelée fabriquée avec le vin rosé pétillant de la maison.
Puis un dessert totalement inattendu et d’une
rare perfection à Barcelone, un gâteau à base de pralin, de noisettes et
amandes, presqu’un peu sur le mode autrichien et réalisé à la perfection.
Vous pourrez apprécier le vin de la maison qui
est lui aussi exposé sur le comptoir, simplement appelé « Brugarol »
et non pas avec une étiquette mais une encolure de bouchon avec le sigle de la
maison.
Il ne faudrait pas manquer de mentionner que le
service fût impeccable, totalement réalisé par l’incroyable et pétillante Paola
d’origine Colombienne, qui saura transformer votre repas en une fête.
On pourrait s’imaginer au départ tomber dans un
de ces lassants établissements branchés qui proposent une cuisine « fusion »
de bas de gamme comme il y en a tant à Barcelone, mais attention : ici c’est
tout à fait autre chose car il y a beaucoup de savoir-faire, d’excellentes
idées. On n’utilise pas les ingrédients Asiatiques comme faire « comme
tout le monde » mais on aura étudié la valeur de ceux-ci pour compléter
des assiettes souvent inspirées par les recettes locales mais avec cette touche
intelligente. Des chefs bien inspirés qui ont vraiment tout pour plaire et qui
sortent vraiment du lot dans la restauration actuelle de la ville.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire