Etant dans
la magnifique cité médiévale de Bruges pour deux soirées, le choix se porta
entre autre sur la table de Filip Claeys du « De Jonkman »,
deux étoiles au guide Michelin et 18 au Gault-Millau. Une des capitales culinaires d’Europe avec
plusieurs tables étoilées ce qui est plutôt impressionnant pour une cité d’environ
120000 habitants. Un chef avec un très
beau CV qui est passé chez ses confrères comme la table Le Fox à De Panne, ensuite
chez De Karmeliet l’un des trois étoiles les plus classiques de la ville et
même une dizaine d’années en tant que sous-chef chez Sergio Hermann de Oud
Sluis. « De Jonkman » reçu sa première étoile 2007 et sa seconde en
2011. Une personne également engagée pour promouvoir la pêche durable dans la
mer du nord et qui n’utilise principalement que les produits de sa région.
Situé non loin du centre de Bruges, cet établissement fut à une époque le
pavillon de chasse du château de Male. Une belle maison blanche entourée de
verdure face à un très agréable jardin où l’on peut commencer la soirée si le
temps le permet et prendre un apéritif. Remarquez ces étonnantes sculptures de chiens rouges et de chats bleus que
l’on trouvera ci et là, un peu comme si l’on voulait dire que le modernisme côtoie
en parfaite harmonie le classicisme.
Le hall d’entrée propose une cheminée devant laquelle l’on pourrait
éventuellement s’assoir par période froide en attendant de passer à table.
Sur le côté droit la cuisine ou l’équipe œuvre.
L’intérieur est très agréable avec un décor très contemporain dans les tons blancs
avec un ensemble de tables joliment dressées de nappes blanches. Deux salles
avec une première à droite qui offre une vue sur le jardin et une seconde que l’on
pourrait classifier de salle principale où l’on dîna. Quelques peintures
modernes sur les murs et des éclairages sans trop d’imagination.
Nous avons
choisi le menu appelé « Pur été » qui peut se décliner en trois
versions en fonction nombre de plats. Sept services à 140 euros, six services à
125 euros et 110 euros pour cinq. Une possibilité de remplacer les deux
desserts par des fromages moyennant supplément ou de les prendre également.
Chaque plat a un thème et l’on ne trouvera mentionné que les ingrédients
principaux utilisés.
Ce repas
commença avec une série d’amuses bouches assez frais et délicats qui étaient
parfois innovants et parfois plutôt classiques. Très impressionné par ce cube
de pastèque qui a été infusé dans un cocktail bloody-mary. En bouche l’effet
est très ingénieux car on a tout de suite les saveurs du cocktail qui ensuite
disparaissent pour laisser place au goût de la pastèque. C’est ce genre de
bouchées qui me plaisent avec une succession de saveurs inattendues. Autre
surprise glacée, un cône de granité basé sur un autre cocktail, le whisky sour,
association de jus de citron, sucre de canne et whisky.
Ensuite un œuf
de caille cuit à basse température présenté sur du foin, recouvert d’une fine croute de cèpes
croustillante. L’œuf est encore coulant et se mange d’une bouchée pour éviter
tout accident. Surement un classique de la maison avec des saveurs un peu
automnales.
Des petites
brioches dans lesquelles nous trouverons une préparation à base de foie-gras et
un morceau de poire.
Plus
intéressant, un « cigare » comme un bricelet dans lequel on retrouvera
une purée de carotte parfumée aux cinq épices.
Comme nous
sommes non loin des Pays-Bas, nous auront un morceau de hareng nouveau déposé
sur un pain bis, sur lequel nous retrouverons une chips de légume et un peu d’aneth.
Puis un
petit toast ou plutôt ce qui pourrait ressembler à une mini pitta avec sur le
dessus du canard dans une sauce plutôt douce. A vrais dire je ne suis plus trop
sur de ce que c’était sur le dessus…
J’ai
beaucoup apprécié le bulot qui était tendre recouvert d’une légère sauce
béarnaise mais aussi parfumée d’un peu aneth et avec sur le côté une fine
lamelle de radis.
Voici donc
une entrée en matière plutôt assez convaincante avec certaines bouchées plus
innovantes que d’autres.
Première assiette
appelée « Pêche du jour ». Un filet de maquereau qui sera accompagné
d’une sauce escabèche qui sera versée au dernier instant sur le poisson cru.
Sur le côté quelques demi-tomates rouges et jaunes bien sucrées, quelques
pointes de fromage blanc frais, des feuilles de basilic, des tranches de radis
travaillées en forme de pétale replié et également des pointes de sauce Romesco.
Une assiette pleine de fraicheur, goûteuse avec une certaine inspiration
espagnole et/ou catalane, cuisine plutôt mode en ce moment.
Seconde
assiette intitulée « Bœuf » ; ce bœuf a été mariné, accompagné d’une
purée d’amande, un quart d’artichaut légèrement cuit et d’une fine lamelle d’artichaut cru, une
feuille de capucine. Assiette tout aussi en fraicheur mais toujours avec des
saveurs connues mais tout est parfaitement assaisonné.
Assurément
le plat le plus inventif et étonnant car totalement basé sur des légumes d’où
le nom de « Vegi ». Une laitue mi cuite qui restera encore un peu
croquante avec une association sur le côté de fines lamelles de rhubarbe, un
peu de yaourt et sur le tout une sauce réalisée avec des pousses d’ortie. Ce qui
est très réussi c’est ce jeu de fraicheur et le côté acide très bien maitrisé
dans cette assiette.
Autre
magnifique assiette appelée « Pot au feu » qui est un poisson avec
lequel on a utilisé le bouillon de cuisson comme sauce. De la lotte
parfaitement cuite car encore légèrement crue en son centre entouré de
cornichons. Ce que je n’avais goutté ce sont des cornichons frais qui
ressembleraient plutôt à du concombre mais avec une saveur plus fine. Le
cornichon est préparé de deux manières, cru et grillé avec un léger goût de feu
de bois. Sur le côté quelques girolles pour amener une touche plus « terre ».
Le plat
central sera de l’ « Agneau » préparé sous forme de côtelette
avec une origine de Tessel. Il est rapidement cuit pour garder toute son
moelleux, accompagné d’une aubergine elle aussi grillée, un morceau de poivron
rouge, une julienne de courgette et un fond de sauce réalisé avec les os. C’est
un plat parfaitement cuisiné mais selon moi un peu trop commun vu et revu dans
je ne sais combien d’établissements.
L’accompagnement
dans un bol annexe est un couscous avec un peu de Ras El Hanout, une compotée d’agneau,
quelques jeunes carottes et des cacahouètes broyées. Je m’attendais quand même à
quelque chose de plus original.
Puis
arrivent les desserts qui nous auront fortement déçus car eux aussi vraiment
trop communs. Un premier dessert autour de la cerise. Deux d’entre elles
farcies avec quelques fruits secs types noisette ou amande caramélisée, une
glace à la « kriek ». Un anneau biscuité et comme fond une
préparation à base de riz au lait mais totalement ratée. Signalé à notre serveur,
la cuisine ayant reconnu le problème nous a aimablement offert un dessert
supplémentaire.
Second
dessert avec comme éléments principaux la fraise et la rhubarbe. Une glace, des
morceaux de fraises, une lamelle de rhubarbe qui a été séchées pour amener une
touche croustillante. Sera versé une préparation un peu laiteuse également à
base de fraise qui malheureusement noiera le dessert.
Et
troisième dessert à base de pomme et de tronçon d’un gâteau qui ne nous aura
pas non plus convaincu.
La carte
des vins est bien fournie et assez internationale. Nous avons accompagné ce repas d’une
bouteille de Faugères Leon Barral 2011 qui fut un choix parfait ; un vin
toujours magnifique à déguster.
Le service
fut un peu trop robotique, sans âme et les descriptions des assiettes pas
toujours à la hauteur en fonction de qui venait nous apporter celles-ci. Une
ambiance plutôt froide et on se demande si la femme du cuisinier sait ce qu’est
un sourire… ne vous regarde qu’à peine sans jamais vraiment se soucier de votre
contentement.
Un repas
tout de même en dent de scie avec comme l’on peut le comprendre des hauts et
des bas. Des entrées avec beaucoup d’équilibre dans les saveurs, des plats souvent
une légère acidité très bien gérée, suivi par un plat principal certes de
qualité mais vraiment classique et des dessert pas à la hauteur du reste.
Une cuisine
qui m’a un peu rappelé celle de Steirereck de Vienne pour les entrées même s’il
est toujours délicat de faire des comparaisons. Une table certes de haut niveau
mais qui s’adresse à une clientèle appréciant une certaine forme de classicisme
et moins le côté innovateur d’autres établissements de la région.
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