vendredi 4 octobre 2019

Els Tres Porquets, Barcelone


Je ne sais pourquoi mais cette adresse est presque devenue emblématique à Barcelone en raison de son atmosphère, ses tapas de saison et ses vins. Un peu ce que les britanniques qualifient de « old school bar », le lieu immuable qui s’assure de poursuivre les traditions, où l’on ne sort jamais déçu. C’est une taverne-boutique de vin à l’apparence humble et à l’atmosphère informelle qui propose des tapas par la nouvelle génération du mythique « Can Pineda » qui a déjà son propre restaurant.  C’est le fils Marc Cuenca qui fût à l’origine de l’ouverture en 2009. Une table fréquentée par les locaux, les travailleurs et les expats avertis. Pas un établissement récent car ouvert déjà depuis une dizaine d’années mais qui aurait été repris depuis l’ouverture d’après ce que j’ai entendu.


Un intérieur plein de charme qui pourrait rappeler effectivement un peu un bar ou un pub, pas des plus grand et dans lequel il n’est pas possible d’arriver à l’improviste. Peu de tables basses, tables en auteur avec tabourets et tout ceci autour du comptoir entouré de bouteilles de vin. Certains mangent vraiment dans un coin et cela semble être un peu la règle du jeu. 




Etagères avec toujours des bouteilles, des petits coins avec faïences murales et découpe d’articles encadrées.




Ici la carte est affichée sur une grande ardoise murale, donc il faudra un peu tordre la tête pour constater ce que sont les plats du jour, ceux de saison. Il faut tout de suite mentionner que les prix sont plutôt assez élevés compte tenu de l’endroit, du service un peu cavalier et pour certains de l’inconfort. Prix comparables à de certaines tables gastronomiques par exemple dans l’Eixample avec certains plats principaux de 18 à 21 euros pour situer. Donc il faut vraiment beaucoup de prouesses en cuisine et dans l’assiette. Mais ne partons pas avec des aprioris et prendrons du plaisir avec ce repas.



Une carte avec indéniablement une jolie sélection de plats et de produits. Les plats sont divisés en entrées, produits de saison, casseroles typiques et fruits de mer. Le menu change constamment, même s'il reste certains plats "phares". Parmi eux, les farcellets au chou, différentes variétés d'œufs cassés ... et d'autres plats aux ingrédients exceptionnels comme le foie, les champignons et les truffes ( blanches et / ou noires selon la saison).


Nous démarrerons avec des fleurs de courgettes farcies à la morue. Parfaitement frites, un peu de sel de Maldon, pignons et de la ciboulette, la farce est fine et bien assaisonnée. C’est bien la première fois que l’on trouve ce type de mets sur une carte car on ne peut pas dire que les tables en Catalogne offrent beaucoup de plats de légumes et encore moins de la fleur comme celle-ci.


Quelques tranches de pain de Coca à la tomate, impeccablement servis mais à quatre euros les quelques morceaux, vous voyez ce que je veux dire.


La salade russe de la maison est assez originale et plutôt soignée avec une mayonnaise pas trop compacte et au miso. Le thon est d’ailleurs frais. Le dressage est agréable, les saveurs sont malgré tout assez classiques.


Puis deux raviolis « txangurro » avec une sauce marine. Le txangurro est une série de plats élaborés faisant partie de la gastronomie traditionnelle du Pays basque et basés sur l’utilisation de l'araignée de mer. Txangurru signifie d’ailleurs araignée de mer en basque. Un bon ravioli mais n’est tout de même pas au niveau des ravioles de chez « Ginette » avec la bisque car assez rustique.



Puis les Farcellets de Can Pineda. Un recette de la maison mère qui consiste en des paupiettes de chou farcies d’un mélange appelé « carn d’olla ». Inspiré d’un plat Catalan appelé « Escudella i carn d’olla », c’est à l’origine une soupe composée d'un bouillon avec des pâtes, du riz ou les deux. Le bouillon de préparation utilise toutes sortes de viandes, servie ensuite dans un plateau avec les légumes utilisés. Cette soupe se caractérise aussi par l'utilisation d’une très grosse boule de viande épicée à l'ail et au persil. La farce est donc basée sur cette recette de base. Met rustique mais étrangement accompagné d’une sauce au poivre vert.


Et pour terminer du cochon de lait désossé avec fond de sauce et une purée de mémoire peut-être à la carotte. Plat classique parfaitement réalisé.


La carte des vins est bien entendu étoffée et de qualité, comme tout le reste dans des prix élevés. Cela sera un vin rouge Sang de Corb Lo Vi Fa Sang qui est un vin intense, ample et concentré. Au nez, prédominent les arômes de fruits rouges, de violettes et des notes toastées et épicées issues du vieillissement. En bouche, il est puissant, avec une bonne structure et un toucher soyeux très élégant.


Alors comment vraiment juger ce restaurant ? Certes les produits sont de qualité, c’est incontestable. La cuisine en elle-même est assez bien faite mais pas non plus des plus surprenante. Les plats sont gouteux mais on dira que l’on peut trouver l’équivalent dans passablement d’autres établissements. Les prix sont à mon avis surfaits mais comme le lieu est toujours plein, cela ne semble pas être un problème pour la clientèle qui vient et qui revient. C’est une institution et la réputation fait pour certains oublier les prix, la cuisine peut-être sans surprise et presque l’inconfort pour certaines tables. Cela devrait plaire à tout le monde si l’on oublie ces remarques.

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