Tout le monde sait que Lyon est la ville des « bouchons » et
probablement croit que partout l’on y mange plus ou moins la même chose avec
une qualité similaire. Eh bien simplement….pas du tout… Je ne m’étais jamais
rendu au « Musée » et je crois que ce fut probablement l’endroit le
plus délicieux qu’il me fut donné de découvrir dans ce type de restauration
lyonnaise.
Un « bouchon » dans le second arrondissement avec une
devanture traditionnelle avec l’ardoise des plats du jour, quoique l’on n’y
rentre pas vraiment à l’intérieur tout aussi traditionnellement, car sur la
porte principale y est inscrit « passez par la traboule ». Une
traboule étant le passage pour piétons dans une cours d’immeuble pour se rendre
d’une rue à l’autre.
C’est donc dans la cour à gauche que vous pénètrerez par une petite porte presque dans la pénombre dans la salle de restaurant.
Une salle typique avec ses tables alignées recouvertes de nappes à carreaux rouges et blancs, son comptoir avec bouteilles et cartes postales punaisées en dessus. Une salle qui sur les midi et demi est archi-comble.
La grande particularité de cet établissement en dehors de la cuisine, c’est
assurément la personnalité du patron Luc Minaire. Un personnage qui vous
accueillera comme un ami et qui animera cette salle comme nulle autre personne.
Un repas qui se transformera presque en un moment hors du temps, un film ou
même une pièce de théâtre. Un homme avec un très grand sens de l’humour,
beaucoup de sincérité, d’émotion et de
passion pour ce qu’il fait.
Une fois assis dans cette ambiance incomparable de « bouchon »,
nous voici attirés par l’assiette de grattons. Pas vraiment un très grand
amateur car souvent beaucoup trop gras ou même parfois un peu mous, ici ils
sont absolument parfaits. Croustillants, bien assaisonnés et gouteux.
Le pain est une pure merveille car réalisé sur place par le patron qui m’explique
qu’il fut pendant dix-huit années boulanger et travaillait avec une confrérie.
Un pain en forme de grappe de raisins avec une texture bien croustillante et un
goût proche d’une cuisson au feu de bois même si cela n’est pas le cas.
Deux jours après la mise en vente
du beaujolais primeur, pourquoi ne pas se laisser tenter même si à la base je
ne suis pas non plus un grand amateur. Eh bien à nouveau c’est une surprise de
taille car celui-ci est assurément le meilleur qu’il m’est été donné de
déguster. Plusieurs pots de la maison Ferraud & Fils de Belleville, m’auront
faits changer d’avis. Fruité, concentré, parfait.
Notre patron entre en scène et s’assied à notre table comme un convive
car il se plait à venir personnellement à chaque table afin de lire sa carte du
jour en ne pouvant s’empêcher continuellement de plaisanter à chaque plat et de
rire avec nous avec une grande sincérité. Un patron qui tout au long de ce
repas passera fréquemment de table en table pour s’assurer de la satisfaction
de ses clients. Une carte qui évidement laisse la part belle aux abats et plats
lyonnais classiques tels que saucissons, quenelle et autres tripes.
Nous choisirons en entrée de la langue d’agneau en sauce gribiche. Plus
fine et parfumée que celle de bœuf ou de veau, elle est absolument délicieuse,
accompagnée d’une magnifique sauce gribiche. Sauce bien compacte dont les
ingrédients sont coupés très finement comme cornichons, échalote, œufs durs et
autres composantes.
Pour moi une excellente terrine de queue de bœuf avec une fine texture
et un assaisonnement idéal. Réalisée sur
place et après-tout, plutôt rare à trouver dans les restaurants. Elle aussi accompagnée
de cette très bonne sauce gribiche et d’une petite salade avec une très bonne
sauce maison.
Arrive le plat principal mais au préalable les accompagnements sont
amenés ; un gratin de pommes de terre vraiment magnifique ainsi qu’un
gratin de cardons à la moelle comme on peut en rêver.
Pour un convive, le boudin aux pommes… Et encore une grande révélation
car ce boudin est absolument divin. Léger, parfaitement épicé, il est
accompagné de pommes fruits. Trois généreux morceaux d’un boudin qui provient
de la très réputée charcuterie de Colette Sibilia.
Et pour moi, le tablier de sapeur. Un plat inventé par le Maréchal de Castellane, gouverneur
militaire de Lyon sous Napoléon III, ancien sapeur du Génie. Cette spécialité
lyonnaise de gras-double aurait été baptisée "Tablier de sapeur" à
cause de sa ressemblance avec le tablier de cuir réglementaire qui servait à
protéger l'uniforme des sapeurs-pompiers durant les besognes difficiles. Normalement
mariné dans du vin blanc avant d'être pané et frit est une spécialité de la
région. En réalité il s’agit de fraise
de bœuf ou de bonnet, ici cuisiné avec panache. Une expérience culinaire à
vivre au moins un fois dans sa vie.
Pour
terminer, une cervelle de canut qui est une préparation à base de fromage blanc
avec des herbes. La faisselle a bien été égouttée, ce qui rend l’appareil plus compact
mais aussi plus plaisant selon mes goûts.
Et pour l’autre
convive, une tartelette aux pralines roses qui est le fameux bonbon constitué d’une
amande et enrobé de sucre cuit et teint. Une pâte maison, une préparation sur
le dessus encore un peu coulante. Simplement parfait.
Dans la
bonne humeur et après autant de bonheur, une vieille prune et un vieux mac de
Bourgogne. Le patron nous propose de faire un tour dans les traboules
avec la salle et lui comme guide…Comme toutes les tables n’ont pas fini de
déjeuner...il nous laissera a côté de nous la bouteille de Marc Extra Egrappé…
J’ai oublié
de mentionner que ce fantastique menu est à 26 euros… Un moment unique, un
homme généreux et sensible, une cuisine parfaitement réalisée, une tranche de
vie à ne pas manquer.
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