vendredi 22 décembre 2017

Ocaña, Barcelone


Même si la place Reial reste l’une des plus belles de Barcelone, ce n’est pas forcement la que j’irais manger mais néanmoins certains bars sont des plus agréables comme justement cet « Ocaña » dans le coin à droite en arrivant de la Rambla. Place réputée pour ses bars et club, son marché à certains moments, le lieu parfait pour rencontrer des amis. Une très belle terrasse entourée de plante pour l’été mais aujourd’hui cela sera évidemment à l’intérieur.


Intérieur d’ailleurs magnifiquement décoré, assez intime, un accueil courtois et nous voici assis dans cette belle salle qui sert également de lieu pour se restaurer.  Les structures anciennes ont été préservées, on trouvera de magnifiques bouquets de fleurs un peu partout mais principalement sur le très élégant bar.






Salle avec un mélange contemporain pour les tables et chaises, réparties entre les anciennes structures porteuses du bâtiment. Sur les parois vitrées de la place, des photos d’artistes et de musiciens qui néanmoins laissent passer la lumière du jour. La décoration du plafond sous formes de lampes ou plutôt d’objets, semblerait fréquemment changer en fonction des artistes invités.  Ce soir, on peut s’imaginer que le thème est proche du football.



Plafond qui lui-même est dans le style classique de la ville avec ses poutres entre des surfaces incurvées de pierre.


Ailleurs, de très beaux chandeliers, un parquet de grosses poutres, tout a été magnifiquement restaurés, le lieu a beaucoup de charme. Ambiance décontractée, musique de fond entre jazz et soul.


Venu pour prendre un verre, la carte propose une belle série de cocktails et de vins au verre. Cela sera déjà un mélange de quelques olives qui accompagneront notre apéritif.


Une bouteille de Cava de la maison Berdié pour cette soirée avec un surprenant emballage de bouteille de couleur bleue, pas forcement à mon goût. Jaune pâle avec des reflets verdâtres, avec de petites et fines bulles, des notes salées, de vanille et de noix grillées.


On appréciera la salle qui se remplit petit à petit et l’arrivée d’un excellent groupe de jazz. Un endroit parfait pour démarrer une soirée dans le quartier.


jeudi 21 décembre 2017

Frankie Gallo Cha Cha Cha, Barcelone


Une adresse bien cachée dans le quartier du Raval et actuellement seulement connue des locaux mais cela ne risque pas d’être le cas bien longtemps. Juste la rue derrière chez moi, je ne serais jamais passé devant cette arcade si je n’étais pas tombé sur un récent article du magazine Forbes daté du 3 décembre dont le titre est « Les 10 endroits les plus cool endroits pour manger en 2018 » ! Comme quoi je prends de l’avance sur l’année prochaine en allant découvrir cette merveille de pizzeria tenue par des frères Colombo, déjà propriétaires des établissements « Bar Brutal » et « Xemei ». D’entrée je reconnais que je ne suis pas un inconditionnel de la pizza et n’en mange que rarement, simplement parce que très souvent, elles ne sont pas au niveau de ce que j’ai pu manger en Italie comme spécifiquement Naples et Rome. Et j’ajouterai aux Etats-Unis car entre autres à New-York, il existe des pizze comme dans peu d’endroits. Tout est évidement dans la pâte, les ingrédients et les méthodes de cuisson. Simple en apparence mais vraiment compliqué. Toujours est-il nous voici face a « Frankie Gallo Cha Cha Cha » dans cette rue du quartier du Raval avec en tout et pour tout, une pancarte sur laquelle est indiqué « Pizza »…


Je ne sais pas si l’on peut réserver car je n’ai rien trouvé sur leur site et encore moins sur les réseaux sociaux. Bref, on s’aperçoit rapidement que l’on doit s’inscrire et attendre un certain moment avant de passer à table. D’ailleurs certaines personnes semblent patienter à l’extérieur.


Et une fois à l’intérieur, je dois immédiatement reconnaître que l’endroit est plutôt exceptionnel. Une série de salles en enfilade qui pourrait laisser penser que nous sommes dans un ancien atelier qui a été réaffecté pour en faire l’un des lieux les plus remarquables que j’aie vu récemment. Une ambiance complètement festive, évidemment beaucoup de bruit et de monde. Vous atterrirez donc à la petite réception et sans aucun doute patienterez au sympathique bar de l’entrée où vous pourrez prendre une boisson. Tout est dans les couleurs rouges, les bouteilles étant astucieusement illuminées depuis le dessous.





Un bar vraiment différent avec les barman casquettés ou chapeautés, la sélection de bières locales a la pression et bien entendu des cocktails.




Bières artisanales à la pression qui sont tirées d’un autre comptoir a quelques mètres du bar principal.


Une architecture intérieure assez particulière car le long d’un couloir décoré pour Noël de sapin qui vous amène à la salle principale, vous découvrirez une série de petits salons particuliers ou d’alcôves, probablement réservés aux groupes. Salons d’ailleurs sur deux niveaux qui la plupart ont une vue plongeante sur ce couloir. Certains sont plus grands et illuminés que d’autres, chacun respectant l’architecture initiale du bâtiment.


 


Un espace un peu confidentiel pour l’un, une impression de se retrouver dans un atelier pour l’autre et un coin avec des buches de bois dans un troisième.



Mais la plus belle salle reste selon moi la principale, genre grand espace industriel finalement très New-Yorkais avec une série de tables communautaires, de la tuyauterie métallique au plafond, des murs bleus ou restés tels quels,  une lumière un peu irréelle, tout ceci dans un bruit indescriptible. A vrais dire cela me rappelle un peu le célèbre Roberta’s de Brooklyn. Un lieu donc vraiment impressionnant pour sa structure, sa décoration, son ambiance, avec une clientèle branchée et exclusivement dans la trentaine. C’est simple…une fois les tables vidées, elles sont a nouveau peuplées par de nouveaux convives.






En parallèle de cette impressionnante salle à manger, une seconde plus petite qui a priori peut servir a des fêtes privées et qui confirme que nous somme probablement dans une ancienne usine.



Une des particularités de « Frankie Gallo Cha Cha Cha », ce sont ces deux gigantesques fours à bois en fond de salle avec une demi-douzaine de pizzaiolo. Pas de temps mort, cela court dans tous les sens, a première abord tout semble être parfaitement maitrisé mais surtout délicieux.




Les pizze une fois prêtes sont donc souvent finalisées sur le comptoir face aux fours.



Maintenant qu’en est-il de ce que l’on mange car tout est parfait jusqu’à maintenant mais l’assiette reste quand même la raison pour laquelle je suis venu… Une carte avec quelques entrées, certaines locales mais souvent italiennes. Diverses sortes de pizze, avec un fond de tomates ou de mozzarella ou les deux. D’autres qualifiées de spéciales, car avec des ingrédients plus recherchés ou des associations plus originales.

Nous sélectionnerons pour commencer un Melanzane alla parmigiana au four à bois. Grand classique à base d’aubergines, de purée de tomates, de mozzarella au lait de bufflonne si possible et parmesan. L’assiette présentée est plutôt bonne mais l’impression que j’ai c’est que si cela a été cuit au feu de bois, cela dû être réchauffé au micro-onde et la mozzarella est à certains endroits gommeuses, certaines parties tièdes. Dommage car le plat est bien réalisé.


Je ne sais combien de fois j’ai mangé d’excellents calamars en Espagne et évidemment Barcelone, donc nous sommes tentés par des calamars frits, citron vert et sauge. Le problème principal est qu’ils sont vraiment caoutchouteux, que la pâte de friture est trop épaisse, donc le tout un peu huileux. Ensuite pas du tout amateur d’un distributeur de mayonnaise style tube… Nous avons laissé un peu moins de la moitié car ils étaient plus que décevant.


Première pizza appelée Carbonara a la truffe, avec mozzarella, guanciale, œuf, pecorino, truffe noire. Je dois admettre qu’en lisant le mot « truffe » je me suis tout de suite imaginé de fines lamelles sur la pizza puisque l’Espagne est un énorme producteur de truffes. Quelle déception… Tout d’abord parlons de la pâte. Malgré son apparence plutôt appétissante, celle-ci était vraiment quelconque et surtout gommeuse ! Une impression de devoir mâcher inlassablement ce que l’on a en bouche. De plus le dessous de la pizza était tellement mouillé que la pâte était mollasse ! Comparé à de réelles pizze d’Italie et des USA, ce n’est vraiment pas terrible. Maintenant le dessus ; je ne sais s’il s’agissait de réelle mozzarella mais j’avais l’impression que c’était un peu dilué avec de la crème, avec une sorte de coulis à la truffe, trois minuscules tranchettes de cette dernière, quelques morceaux de cette charcuterie italienne. Vraiment très écoeurant, pas un franc goût de truffe, pas équilibré, trop salé. C’est une réelle désillusion et d’ailleurs comme la plupart des autres convives, nous avons laissé le pourtour de pâte peu mangeable.       


Seconde pizza plus classique, la Parmigiana, avec aubergine, ricotta, tomates cerise, basilic, parmesan. Mêmes observations pour la pâte, les ingrédients sont corrects mais sans plus car la mozzarella après quelques instants est aussi figée et vraiment gommeuse.


La carte des vins n’est pas très riche, propose une série de bouteilles italiennes à mon avis un peu trop chère pour ce que c’est. Je me suis rabattu sur un vin catalan, l’unique sur la carte, un Montsant Altaroses 2015, Joan d’Anguera. Vin biodynamique, assez aérien et très différent des autres vins de cette appellation.


Clairement le lieu d’un point de vue architectural et décoration est exceptionnel et ce n’est pas ces quelques lignes qui vont changer quoi que ce soit. Cela ne désemplit pas, la clientèle semble plus focalisée au côté branché et social que vraiment l’assiette. Une prestation culinaire bien quelconque qui ne réjouira pas les connaisseurs de cuisine italienne, les amateurs de vraies pizze napolitaines ou autres. C’est bâclé et approximatif, les ingrédients de base ne sont pas bons. Je pourrais qualifier cette soirée de « caoutchouteuse » culinairement.  Si c’est pour faire la fête ou avec un groupe, l’endroit est idéal. Si c’est pour apprécier une pizza de haut vol, c’est plutôt raté.

mercredi 20 décembre 2017

Le Bistrot Le Lion d'Or, Genève


Retour à ma table genevoise préférée, celle de Stéphane du « Le Bistrot Le Lion d’Or » de Carouge. Préférée pour maintes raisons ; en dehors de la cuisine elle-même, rares sont les lieux avec un tel accueil, une telle attention au détail et cette ambiance festive que l’équipe réussit toujours à maintenir. En ce mois de décembre juste avant les fêtes, une visite afin d’apprécier la cuisine de saison de Benjamin le chef et sa brigade.


Un repas qui se passera dans la salle principale, sachant qu’au sous-sol une autre formule bistrotière a été crée pour d’éventuels groupes us soirées privées. A noter que l’établissement a reçu au mois d’octobre un « Bib gourmand » du guide Michelin pour l’édition 2018, récompense méritée pour cette fantastique équipe !


En période de fêtes, démarrer sa soirée avec un excellent champagne est toujours fortement apprécié, surtout avec celui de la maison Jacquesson Cuvée 739 qui se trouve être minéral, frais et avec une acidité vraiment parfaite. Jaune pâle avec des reflets dorés, c’est une cuvée d’une grande pureté.


Comme mise en bouche, des petits cubes de saumon préparés sous forme de gravelax. Ici une légère marinade un peu douce, une agréable introduction à ce repas qui se mariera bien avec le champagne.


Première assiette ou encore « mise en bouche luxueuse… » avec cette « simple » tartine de pain grillé avec sur le dessus de la truffe melanosporum des la Drôme, un peu d’huile d’olive et des flocons de sel.  Rustique et somptueux, un autre plat à l'apéritif qui nous ravira.


Surprenante bouteille de Bourgogne Blanc 2015 du Domaine Roulot. Généralement les « bourgogne blanc » sont des vins faciles à boire, mais ici Guy Roulot est un producteur de légende, surtout pour ses Meursault, est souvent considéré comme l’un des plus grands vignerons de vins blancs au monde. D’ailleurs ici il s’agit de vignes plantées dans le village de Meursault et ce n’est pas un simple vin mais quelque chose de gras et riche, avec un corps opulent.


Avec ce vin, une merveilleuse entrée d’une grande pureté avec cette association de Saint Jacques de Dieppe et la truffe de la Drôme.  Saint Jacques crue coupée en grosses lamelles un peu d’huile d’olive, sel et poivre. Un sommet de finesse, qui peut être servi tel quel, sans autre accompagnement.


Nous resterons dans les produits de fêtes avec le foie gras de canard du Bistrot, coing confits et caramel de sangria. Des foies gras j’en aurais mangé…et on comparera toujours en fonction de « ses références ». Ici il est vraiment parfait car la cuisson est d’une grande précision comme l’assaisonnement d’ailleurs. Je ne les apprécie pas trop salés, pas trop alcoolisés mais aussi non fades. Bref, pour moi c’est juste parfait. Le coing aurait mérité d’un peu plus de caramélisation mais une très bonne idée d’associer le tout a cette réduction vineuse et fruitée. A noter qu’en ce moment ce foie-gras est en vente à l’emporter.


Pour suivre, une poêlée de supions sur un concassé de courge. Ces très petites seiches dont absolument fabuleuses car très tendre, cuite à la minute ; l’accompagnement très rond en bouche car doux est une heureuse association de saveurs.


Nouvelle bouteille de vin blanc avec un Condrieu La Petite Côte 2016 de Yves Cuilleron. Vallée du Rhône septentrionale, cépage viognier. Autre vigneron emblématique de la région, qui offre un vin pur, minéral et doté d'une grande finesse. Les arômes typiques de ce cépage, des fruits jaunes à chair bien mûre, abricot et pêche, des notes florales de violette et d’épices douces.


Juste association avec ces ravioles de homard parfumées à la citronnelle et gingembre, jus de crustacés. La pâte est fine, la farce est bien parfumée sans trop d’exagération avec ces ingrédients asiatiques, la réduction de la carapace est d’une grande justesse. On se serait passé de la purée de carottes en dessous quin n’amène pas grand-chose.


Un magnifique poisson avec le bar juste saisi sur un pak choi, une sauce à base de fruit de la passion que l’on retrouvera également les graines sur le dessus avec entre autres un peu de piment d’Espelette. Un poisson doit se déguster de manière allégée pour en apprécier sa saveur et sa texture.


Un plat plus « terroir », avec ce clin d’œil « terre et mer », boudin et Saint Jacques, pommade de Granny Smith à l’estragon. Assiette gourmande, cuissons toujours parfaites, un fond délicieux qui compléter la presque traditionnelle « compote de pommes » ici retravaillée pour accompagner le boudin.


Un plat canaille et tellement jubilatoire que ce chou farci au paleron de bœuf, foie gras de canard poêlé et légume d’hiver, qui s’avère être de la courge. C’est juste une perfection bistrotière que cette assiette ou tout est réuni. Gourmandise, saveurs, arômes, textures et cuissons parfaites.


Une grande bouteille de vin rouge que ce Sotanum que j’apprécie depuis plusieurs années ; vin de la région de Vienne, des collines rhodaniennes, issus de la collaboration de trois vignerons très connus. La Syrah produit des vins puissants et épicés, mais dans ce Sotanum elle est magnifiée par le talent de ces vignerons des Vins de Vienne. Un élevage de 16 mois en fût de chêne, un mariage entre les arômes boisés et ceux de la Syrah qui est une réussite.


Une viande, un produit de qualité avec ce bœuf rassi 4 semaines rôti aux cristaux de sel fumé. Cuisson parfaite, jus réduit et gourmand.


Un premier dessert avec un cheesecake maison au citron et râpé de citron vert, tout à fait convaincant.


Et un soufflé « minute » au Grand Marnier malheureusement un peu trop cuit.


Un repas au « Le Bistrot Le Lion d’Or » reste toujours d’exception, oscille toujours du traditionnel à l’original, du gastronomique au bistronomique, du simple ou pas. Quand je dis simple, c’est dans avant tout dans la préparation car il n’est « pas simple » que de trouver des produits de qualité. Proposer une tartine de truffe…pas tout le monde sait faire cela surtout avec « le produit ».  De la gourmandise dans beaucoup d’assiettes, des jus toujours parfaits pour accompagner les assiettes, des produits comme je disais de qualité comme, viandes, truffes, coquillages et foies-gras. On n’oubliera pas la superbe cave de Stéphane, l’enthousiasme constant du Chef Benjamin et bien sur, l’équipe en salle toujours aux petits soins de la clientèle.