Annecy et évidement
sa région, semblent être inépuisables en tables de qualité. Depuis de
nombreuses années, j’ai toujours considéré que cette ville est le pôle
d’attraction culinaire de la Haute-Savoie et que sans tomber dans les étoilés
de haut niveau, on y trouvait de très sympathiques bistrots et tables que
certains qualifieraient de semi-gastronomiques. Cela fait probablement plus ou
moins deux années que « 1er Mets » est ouvert et jusqu’à
présent je n’avais pas encore réussi à y réserver une table. Un chef connu dans
la région puisqu’il travailla dans les établissements de Laurent Petit du « Clos
des Sens », le « Contresens » où il fût chef de cuisine.
Situé dans
un endroit que l’on ne peut manquer dans la vieille ville et non loin du lac, c’est
sur la place Saint Maurice que se trouve cet établissement. Une terrasse, une
carte extérieure, les badauds s’arrêtent pour en faire la lecture mais on se
demande finalement pourquoi puisque c’est plein. Je ne sais pas s’il y a des
périodes creuses mais à chaque fois cette adresse me signalait qu’il n’y avait
aucunes tables de libre, ce qui est plutôt très bon signe.
Au choix ce
soir une table sur la terrasse ou à l’intérieur. Personnellement je n’aime pas
lorsque les passants lorgnent dans mon assiette, donc le choix est vite fait. Un
intérieur en longueur joliment rénové dans des tons gris et rouge sang, un
nombre de table limité et au fond comptoir et cuisine.
Mobilier
contemporain dans un style scandinave, tables dressées simplement avec couverts
et serviettes. Tout est bien pensé, l’endroit est plaisant et accueillant.
La carte se
décline en une série de menus vraiment très attirants, les énoncés des plats séduisent,
les composants des assiettes souvent originaux. De très légères influences un
peu asiatiques et sud-américaines, mais globalement une cuisine française
contemporaine. Un menu de saison à 32 euros, un menu 1er Mets à 39
euros et celui Découverte des Mets à 47 euros. Nous choisirons les deux
derniers mais avec un ajout d’une assiette à la carte pour le premier afin d’avoir
le même nombre de plats.
Petit
amuse-bouche pour commencer avec une soupe de melon, mousse de basilic et boule
de melon avec du jambon fumé. C’est frais, léger, réalisé avec les produits du
moment, parfait pour démarrer.
Première
très jolie assiette bien colorée avec le ceviche de daurade, vinaigrette passion,
taboulé de chou-fleur à l’oriental. Inspiration péruvienne avec ce « lait
de tigre » rebaptisé vinaigrette, le poisson est finement découpé et ce
petit accompagnement de chou-fleur finement haché une manière d’amener une texture
additionnelle au plat.
Autre
entrée poissonnière d’inspiration un peu asiatique et très joli dressage, la féra
crue et fumée façon maki, condiment jaune d’œuf, savora-estragon. Poisson du
lac traité au fumoir, roulé donc avec quelques billes d’agrumes, sur le côté un
carpaccio de champignons de Paris avec ici des billes au vinaigre balsamique et
des petits oignons vinaigrés pour apporter une intelligente touche acide. Et ce
condiment qui contient de la moutarde, mais qui ne pique pas, issu du mariage
de 11 épices et aromates. Le tout fonctionne bien avec ces diverses saveurs
complémentaires.
Très bonne
idée que de proposer une salade de poulpe et œuf mollet, condiment tomates. L’œuf
est cuit la perfection, le poulpe en lamelle est tendre, les tomates amènent un
peu de douceur.
Pour moi
probablement le plat le plus aboutit et le plus gourmand de ce repas avec les langoustines
juste saisies, coulis d’avocats et citronnelle, amandes fraîches. Cuites à la
perfection, avec cette fine sauce légèrement montée avec le côté si typique de
la citronnelle, un peu de sésame, de bâtonnets de pomme Granny Smith, et les
amandes franches sur les côtés. C’est d’une très grande gourmandise et d’un
haut niveau culinaire.
Passage aux
plats de résistance et je crois qu’il faut s’attarder quelques instant en
félicitant le chef pour le choix de ses viandes d’un certain boucher que
certains ne peuvent peut-être pas connaître. La boucherie Bocquet que je décris
dans un précédent billet est assurément l’une des meilleures boucheries de Haute-Savoie avec des viandes
comme nulle part ailleurs. Et c’est ce qui fera également toute la différence
dans l’assiette avec la côte de cochon de lait « cul noir de Bigorre »,
jus corsé au vadouvan. Le porc de Bigorre est une fantastique race pour vrais
connaisseurs et finalement souvent meilleur qu’un bœuf de qualité standard. Ici
parfaitement cuit, à savoir non surcuit même pour du porc, carottes en
accompagnement, champignons qui sont peut-être des shimeji, asperges vertes,
petites pommes de terre type rate et excellent fond de sauce à base d'un mélange d'épices indiennes .
Autre très
gourmande assiette avec le fondant quasi de veau de Mr Boquet, girolles et
morilles. Accompagnements semblables à l’assiette précédente mais avec ici les
champignons précités qui s’harmonisent particulièrement bien avec le veau. Des
produits de qualité comme ici font de ces deux assiettes de très bons plats.
Toujours
évidement un très bon choix de fournisseurs comme ici l’assiette de fromage de
Pierre Gay. Une des plus belles adresses de Haute-Savoie, un MOF qui propose
une magnifique sélection que j’avais décrite ici. Trois fromages accompagnés de noix et confitures.
Beaucoup
moins emballé par les desserts au choix à la carte. Un gaspacho de pêches, tartare
d’abricots à la verveine-citron. Un peu un manque général de goût, les fruits
ne sentent pas vraiment la verveine.
Et un crumble
noir de fraises et crème pistache. Pas vraiment nécessaire de mettre du
colorant noir pour ce crumble et cette crème a un goût vraiment très artificiel
de pistache. La pistache que l’on utilise brute n’a pas ce goût semblable à
celui des glaces à la pistache d’antan
Une
sélection de vins au verre et par conséquent pour démarrer deux verres de AOC
Luberon Grand Marrenon 2015. Vin d'une belle minéralité, avec
des notes beurrées. Suivi d’une bouteille de Saint-Joseph 2015 de chez
Jean-Michel Gerin. Famille très connue qui produit d’excellentes Côte-Rôties.
Vin un peu jeune, élégant avec de beaux tannins mais fondus.
Une très
belle adresse avec des assiettes ingénieuses, un choix de produits vraiment
exemplaire et tout ceci sagement tarifé. Des assiettes parfois contemporaines
ou parfois un peu plus classiques bien gourmandes, tout le monde sera ravi même
si les desserts sont à revoir.
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