lundi 20 janvier 2025

Contracorrent Bistró, Barcelone

 

Il y a sept années de cela, j’avais découvert un restaurant au nom un peu étrange de My Fucking Restaurant, non loin de chez moi, situé dans la Carrer Nou de la Rambla ; un établissement faisait partie du mouvement « Slow Food » et de ce concept de produit de proximité avec le « KM0 ». A la tête, le chef Sicilien Nicola Drago qui a l’époque proposait une cuisine Catalane mais influencée par l’Italie. Des plats repensés, allégés et bien présentés, de bons ingrédients et surtout une volonté d’offrir des produits bios, des vins naturels.

Puis le COVID arriva, et je ne sais pourquoi, il abandonna cet établissement. C’est en 2021, que ce chef sicilien ouvrit dans Fort Pienc, son Contracorrent. Un nom d’établissement lié au fait que cette ouverture alla à contresens de ce qui se faisait à Barcelone à cette époque. On rappellera que Nicola eut travaillé chez les frères Roca et le Comerç 24 de Abellan, il y a belles lurettes…

Pas vraiment un grand restaurant mais un petit coin de bonheur pour les amateurs de bons produits, assiettes et belles bouteilles originales. Des cuissons et dressages à la minute car le coin cuisine est minuscule. Toujours des ingrédients locaux, ce qui donna un judicieux mélange de plats locaux et d’inspirations méditerranéennes. Volontairement je ne disais pas italienne car cela n’en est simplement pas, juste l’une des inspirations.

Quelques années plus tard et au vu du succès de cet établissement, les voici pour un nouvel établissement dans Gracia avec un peu plus d’ambition ; un nouvel espace avec une offre différente mais avec le même esprit. Quand je dis, “les”, je fais allusion à Anna Pla la sommelière et Nicola Drago qui ont été rejoints par deux autres personnes: Arlin Posada et Rafa Sobrino.

Reprise des locaux de l’Anxoveta bien entendu fermée, l’intérieur a complétement été transformé. Quelques marches pour descendre a un niveau inférieur, cuisine au fond à droite, et à l’entrée une jolie petite table face à la vitrine qui donne un peu plus d’indépendance avec sur les murs des affiches d’événements viticoles.

Murs de briques, bouteilles vides sur des étagères puisque nous somme dans un lieu qui a une large proposition de flacons. Une décoration assez contemporaine que l’on trouve un peu partout dans ce genre d’établissement, comme par exemple un Mina, un Bar Manifest, un Apät et tant d’autres. C’est agréable, bien pensé et ne peut garantir que le succès.

Il est également nécessaire de souligner l’amour qu’ils ont mis dans le projet. Les verres et les porte-couverts sont fabriqués à partir de bouteilles recyclées, les serviettes sont en tissu et sont brodées, les tables ont été fabriquées par un menuisier sur mesure. Ils ont donc réussi à déplacer toute l'âme d'un quartier à un autre, un nouveau petit espace plein de bon goût, de bonne facture et de beaucoup d'amour.

L’offre varie de celle de l’autre restaurant. Maintenant, la proposition est deux menus dégustation, un plus long à 45 EUR et un plus court à 32.50 EUR, avec la possibilité de choisir certains plats, à des prix plus que compétitifs, malheureusement rares à Barcelone. Maintenant il faut juger ce que l’on mange quelque soir le prix !

Dans le menu, il y a un pain au levain, beurre d’huile d’olive, gel de vinaigre balsamique et poudre d’olive. Pour moi ce n’est pas vraiment un plat mais du pain, au demeurant fort bon mais c’est du pain…et à Barcelone, il y a plein d’excellentes boulangeries. Pas vraiment un beurre, car cela semble avoir fondu et se trouve être plutôt une huile… Coup de chaleur ?

On démarre réellement le repas avec une bouchée qui est un « taco » délicat fait de thon frais en escabèche avec des légumes marinés enveloppés dans une feuille de capucine (nasturtium), quelques pistaches, et un peu de piment. Ce plat peut vous dire quelque chose car c’est le seul qui a été répété à partir du restaurant d’origine. C’est un tel succès qu’ils n’ont pas pu s’en empêcher.

Pour suivre, une mousse de taleggio, de la puntarelle et/ou radichio, garum d’anchois et sésame caramélisé. Pas sur de capter le message car il y a beaucoup de différentes saveurs et je ne suis pas très sur que cela soit très équilibré. Finalement entre fromage, œufs de poisson sur le dessus, l’amertume du légume, c’est un peu trop disparate au niveau des saveurs.

Un bon feuilleté aux crevettes blanches, cognac, et cèpes en pickles. Cela me rappelle un peu le goût des cocktails de crevette de mon enfance.

Pour suivre une crème d’oignon, café et pecorino fumé.

Ensuite un joli clin d’œil à la « restauration rapide » avec un très bon sandwich à la joue de porc ibérique et champignon portobello.

Regard vers l’Italie avec un arancino à l’osso-bucco et mayonnaise au safran. Le mets sicilien par excellence divise la Sicile en deux. Cette boulette de riz, qui pourrait avoir été héritée des Arabes qui la combinaient à de la viande et l’assaisonnaient avec du safran, s’appelle arancina (pluriel arancine) du côté de Palerme et dans l’ouest de l’île, et arancino (arancini) du côté de Catania… Un peu travaillée comme une croquette ; la mayonnaise étant à mon avis superflue.

Un plat style terre-mer avec des lentilles caviar, du tendon de bœuf et du poisson de roche. Cela me semble être plus aboutit au niveau des saveurs où l’on sent distinctement poisson et viande, avec une très bonne sauce

Un plat supplémentaire que nous avons retenu de la carte car il y a quelques suggestions. Des fragola, chanterelles et carpaccio de crevettes rouges (supplément de 9 EUR). A mon avis le plus abouti des plats car l’équilibre des saveurs est présent et c’est très gourmand.

Passage a deux desserts, le premier, un rafraichissant yoghurt, fenouil, concombre et pomme acidulée.

Le second des cèpes, mousse de lait concentré et glace noisette. Deux desserts agréables mais il manque quelque chose.

Comme vin, un Re Minor 2020 Ribera del Duero Bodegas Requiem. Couleur rubis avec une belle intensité en bouche. Au nez, des fruits rouges mûrs, de la réglisse, une pointe d’anis et de menthol. Saveur ample et équilibrée, soyeuse et facile à boire.

Contracorrent Bistro est à la portée de toutes les poches. Toujours un peu à contre-courant avec une cuisine qui parfois mériterait un peu de simplification car certaines fois, on n’est pas très sûr de ce que l’on mange car il y a trop d’éléments qui ne s’équilibrent pas toujours parfaitement. Certains plats sont évidents, d’autres on aurait tendance à oublier ce que l’on a mangé quelques jours après. Cela va peut-être un peu trop dans tous les sens…mais l’expérience globale est plaisante tenant compte du lieu et de l’atmosphère.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire