vendredi 31 mai 2024

Oníric Restaurant, Barcelone

 

Voilà une étonnante découverte que ce Oniric qu’il ne faut pas confondre avec à l’époque un autre établissement du même nom ou presque, Taverna Oniric qui se trouvait non loin de la Sagrada Familia. Ici nous sommes à Gracia dans une rue plutôt tranquille, ou Laura Humanes et Jonatan Izquierdo Calle se sont lancés dans un concept bistronomique flirtant avec le gastronomique probablement l’un des plus intéressants en ce moment.

Un couple qui eut travaillé dans le Atempo de Jordi Cruz et qui viennent de se lancer dans ce petit établissement avec beaucoup d’enthousiasme et de motivation malgré la situation parfois un peu difficile dans le domaine de la restauration. Jonatan lui a également travaillé dans un premier temps dans le restaurant Nova d’Ourense, et ensuite chez le célèbre Disfrutar. Laura au Moments et au Balo comme maitre d’hôtel.  Une cuisine donc d’auteur comme finalement très rarement proposée en ville lorsque l’on sort de ces grands établissements réputés, répertoriés dans tous les guides.

C’est dans ce local que se trouvaient à une époque toute une série d’établissements comme El 37, La Perillossa, La Panxa del Bisba et La Panxolina. Comme quoi cela n’est pas toujours simple de maintenir un établissement. La dernière structure n’a pas vraiment changé avec des hublots comme fenêtres et une salle où l’on s’assoit dans une obscurité confortable.

Sur les étagères, des bocaux avec des fermentations, dont un garum de maquereau, selon la tendance actuelle d’utiliser ce condiment comme assaisonnement.

La formule proposée le soir qui est unique est un menu de dégustation tarifé à 38 euros, ce qui est un réel cadeau au vu de la qualité de la prestation. Je ne sais pas si c’est un prix de lancement mais honnêtement ce fût vraiment remarquable. Une cuisine propre à Jonatan et sans aucun doute vous surprendra par son originalité et qui est sans esbrouffe. La créativité a du bien pour autant que l’on ait les pieds sur terre. Ils ont concocté un menu en huit étapes où ils associent avec imagination des produits qui peuvent être nobles (longe de vache) ou étonnants (cœur de vache), mais toujours avec la saine intention d’y trouver une touche d’originalité. Un chef qui construit des plats audacieux et complexes.

Par exemple on sera tout de suite impressionné par ces délicieux beignets de pois chiche, piment jaune et émulsion de lait de tigre. Bien entendu un clin d’œil à l’Amérique latine et plus spécifiquement le Pérou. En fait une sorte de cromesquis avec une délicieuse préparation liquide qui fait que l’on mange cela en une bouchée.

Une assiette très artistique dans sa présentation avec un croustillant à l’algue wakame, maquereau mariné, salicorne et aïoli au sésame. Une chips sur laquelle l’on trouvera un tartare de poisson très bien assaisonné.

Plutôt osé, inhabituel et surprenant, un tartare de cœur de bœuf, mayonnaise au kimchi, et jaune d’œuf confit au soja. Si l’on ne le sait pas, on pourrait s’imaginer que c’est simplement du bœuf. Ce cœur de bœuf, plus maigre et plus tendre que le cœur de porc est très apprécié par les amateurs d'abats bovins. Il peut aussi aussi bien être préparé en plats mijotés qu'en cuisson simple ou cru comme ici.

Dadinho de fromage de chèvre, morue avec son pilpil à l’aneth. Dadinhos veut dire « petits dés » ou petits cubes. Il s’agit de croquettes généralement au tapioca et au fromage. C’est un aperitif très à la mode au Brésil, on les retrouve sous une forme plus ou moins évoluée dans les bars dans la catégorie « Petiscos », équivalent brésilien des tapas. Ici au fromage de chèvre et accompagné d’un très visuel plat inspiré par le pays basque puisque poisson dans cette sauce classique de la région. Une belle association d’assiettes.

Magnifique plat de poisson avec le Pargo en bouillabaisse, algues, gélatine au ratafia, et pralinés de noix. Pagre ou type de doras, cuit sur un probable plancha avec de surprenantes saveurs marines et douces.

Puis un excellent tataki de filet de bœuf parfaitement cuit et tendre, beurre blanc au mirin, miso et pomme. Tout est équilibré, les cuissons précises, les saveurs justes.

Deux desserts, avec un premier appelé citron vert, thé vert et noix de coco. En fait il s’agit d’une espuma de coco sur ce dessert citronné.

Et à nouveau une surprenante association qui fonctionne avec chocolat, parmesan et noisettes.

Comme vin un EL Muelle de Olaso Vino de Pasto Luis Perez 2022 qui se distingue par ses saveurs d’agrumes et tropicales, complété par une certaine minéralité, et un côté herbacé. Un vin assez expressif et authentique de la région de Cadiz.

Une réelle incroyable prestation et sans fautes pour un prix qui en fait indéniablement le meilleur qualité/prix en ville en ce moment.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire