mercredi 22 mai 2024

Achaar bar, Barcelone

 

Celles et ceux qui ont eu l’opportunité d’aller en Inde ou même dans une capitale comme Londres savent que la proposition culinaire Indienne ou Pakistanaise en ville est un peu quelconque pour maintes raisons. Principalement le manque de diversité des plats ou de types de cuisine à une exception près, mais surtout le fait que tout soit toujours adapté aux goûts locaux donc pas franchement des cuisines authentiques. Les établissements de l’Eixample dans ce type de cuisine sont plus focalisés sur le décor que les saveurs et ceux de Poble Sec sont des établissements souvent simples, bon marché et peu sophistiqués.

Mais peut-être voici quelque chose de nouveau et qui pourrait satisfaire les experts dans ce type de cuisine, l’ouverture récente de ce qu’ils appellent une cantine indienne dans un quartier qui n’a pas l’habitude d’avoir ce genre de cuisine, Poblenou. A la tête de cette initiative, les frères Alam d’origine pakistanaise avec leur beau-frère Bilal qui depuis début mars ont ouvert cette table baptisée Achaar. Pas inconnus en ville puisque ce sont eux qui eurent aussi ouvert The Fish & Chips Shop, Baby Jalebi et même des burgers avec Anonia’s Burger. Le premier bien entendu n’ayant rien d’Indien, le second dans deux emplacements propose une cuisine de rue ou « street food » Indienne et Pakistanaise, et le troisième n’a pas besoin d’être expliqué. Donc des gens qui ont du métier, qui ne sont pas limités à un seul type de cuisine et qui au vu de leur succès ne pouvaient que prendre les bonnes décisions de s’installer dans ce quartier.


Une autre particularité de ce nouvel établissement c’est que le focus est également sur les vins naturels, ce qui est plutôt inhabituel pour ce type d’établissement mais clairement démontre que l’on est dans l’air du temps et que l’on cible également une clientèle qui apprécie ce type de vin. Le nombre de bar à vins dans ce genre a depuis trois années explosé à Barcelone.


Le local est particulièrement bien pensé et totalement dans l’air du temps. Un look industriel à la mode avec des murs seulement décapés, déjà depuis de nombreuses années et qui est parfaitement aligné avec l’esprit du quartier de Poblenou mais aussi de Brooklyn. L’aménagement étant une cuisine ouverte avec une petite fenêtre ce qui donne effectivement le côté très cantine, du mobilier en métal pour l’usage quotidien et du bois pour les tables et chaises.


Il y a même une salle cachée derrière un rideau qui peut être réservée pour les groupes et qui est également utilisée pour des dégustations. Maintenant eux-mêmes se qualifie de cantine, donc nous ne sommes pas dans un établissement de cuisine indienne de haute gastronomie mais dans le registre de la « street food » comme précédemment mentionné.

La cuisine est principalement du Punjab, région qui est aussi bien du côté du Pakistan que du côté Indien. Le chef Karmjit Singh étant de cette région. Mais même s’il s’agit de la même région, certains plats diffèrent sensiblement en raison d’influences diverses. A noter que le nom de l’établissement signifie aussi quelque chose comme « légumes au vinaigre » !

Pour commencer des Panipuris. Le panipuri est une collation que l’on trouve traditionnellement dans les rues en Inde. Il se compose de boulettes de pain frites croustillantes, qui sont servies froides et farcies de pommes de terre, d’oignons, de lentilles, de coriandre, etc. Généralement le tout aromatisé au chutney et une sauce épicée à la menthe. Il existe de multiples versions dans tout le pays et d’innombrables variétés entre les différentes régions en fonction des ingrédients de la garniture, des eaux extra épicées qui sont ajoutées ou, sans aucun doute, des mélanges d’épices chaat masala avec lesquels ces sauces ou eaux épicées sont faites. Le panipuri n’est pas un repas ou une collation que les gens en Inde préparent à la maison, mais c’est une collation qui est généralement consommée dans la rue, en milieu de matinée ou en milieu d’après-midi. On pourrait dire qu’elles ressemblent aux « tapas espagnoles » et, tout comme ici les gens sortent pour boire des bières et des tapas, les jeunes en Inde se retrouvent pour prendre un panipuri dans leurs lieux habituels en prélude à une soirée. On pourrait même dire que sortir manger du panipuri est un acte social en soi. Ici ils sont servis avec une sauce à base de tamarin.

Des Palak Pakoras. Les pakoras (également appelés pakoda, pakodi ou ponako) sont très populaires en Inde.  Le mot pakora est dérivé du sanskrit pakvavata, une combinaison de pakva « cuit » et vata, « un petit morceau ». Ici cette recette de pakora ne comprend que des épinards, mais selon la région, certaines recettes peuvent inclure du chou et même des feuilles de fenugrec.  Chauds et croustillants, ces beignets sont idéaux pour les froides nuits d’hiver. Ils sont donc généralement composés de légumes coupés ou tranchés, ou de cubes de fromage cottage, enrobés d’une pâte à farine de pois chiches, qui est ensuite frite dans de l’huile bouillante. Ils sont ensuite servis avec des chutneys.

Des beignets d’ocra ou aussi appelé gombo. Le gombo pané est un délice croquant qui, préparé de cette manière, « n’est pas indien ou pakistanais », mais du restaurant londonien Dishoom, « inspiré des cafés iraniens de New Delhi dans les années 70 ». J’ai eu l’occasion de manger chez Dishoom et c’est vraiment une très belle table de Londres.

Nous passons aux plats principaux, avec le shikh kabab naan. Comme nous prendrons des naan indépendamment, il n’y aura que la brochette. Dommage que cela soit du bœuf car je préfère nettement l’agneau pour ce type de brochette. Celle-ci manquant un peu de saveurs, d’épice et est un peu sèche. Il y a mieux comme kabab.

Un plat en dehors de la carte que nous avons spécialement demandé, un poulet tikka, populaire en Inde et au Pakistan. Il est traditionnellement composé de petits morceaux de poulet désossés cuits en brochettes dans un tandoor, un four d'argile, après avoir mariné dans un mélange d'épices et de yaourt. C’est ici parfaitement exécuté.

Deux types de naans, natures et à l’ail. Pas mal mais il y a mieux car ils devraient être un peu plus soufflés, plus aériens. Ceux-ci sont un peu plats.


Un plat d’agneau avec simplement intitulé, agneau achaar. En hindi, achaar signifie donc cornichon. L’achari d’agneau est un curry pendjabi très populaire à base des épices souvent utilisées pour faire des cornichons tels que le panch poran et les piments séchés utilisés dans cette recette. La saveur sucrée du chutney de mangue et l’acidité du cornichon au citron vert donnent à ce curry une saveur bien équilibrée appréciée par tant de personnes.

Ensuite un butter chicken ou poulet au beurre, originaire du nord de l’Inde. Créé par Kundan Lal Gujral, connu sous le nom de murgh makhani, est un peu similaire au tikka masala britannique. Le secret de ce poulet tendre et savoureux est une marinade de yogourt infusée d’épices à base de gingembre frais, d’ail, de jus de citron et d’épices. Les épices du poulet au beurre sont le curcuma, le garam masala, la poudre de piment et le cumin. La sauce du poulet au beurre tire principalement sa richesse de la crème. Alors que certains restaurants ajoutent une quantité (très !) généreuse de beurre dans la sauce à la fin, je trouve qu’il est assez riche tel quel et c’est bien qu’ici cela ne soit pas trop gras même si j’ai trouvé qu’il y avait un goût de concentré de tomate peut-être trop puissant.

A noter que les portions sont généralement vraiment un peu petites pour partager.

Le riz basmati étant particulièrement bon avec ses feuilles de curry.

Belle expérience avec globalement une bonne prestation, des saveurs plutôt authentiques, un service parfait et une ambiance très décontractée qui en fait une belle adresse de Poblenou.

Pour information, bientôt une ouverture à Sant Gervasi de Bien Kebab, la suite entrepreneuriale des frères Alam !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire