Comme je ne
sais jamais vraiment où se trouvera ma destination finale quand je me
rends à Londres pour des raisons professionnelles, j’ai la chance de pouvoir
découvrir des tables que probablement j’aurais ignorées si je m’étais trouvé
dans un quartier soit plus touristique soit plus traditionnel. Cette fois-ci
c’est non loin de la station de Shadwell qui se trouve à l’est de Londres mais
tout de même pas en banlieue, une station sur la ligne du DLR qui amène entre autre
à London City Airport.
Un quartier
qui semblerait être en transformation car non loin du centre, près de la
fameuse ligne de métro aérienne et principalement avec une classe ouvrière et
population musulmane. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on y trouvera
probablement l’une des plus belle, renommée et grandement fréquentée table
pakistanaise de la cité.
Une cuisine
qui n’est finalement que peu connue en dehors de la Grande-Bretagne car la
majorité des établissements sont sur le continent proposent généralement une
cuisine indienne. Maintenant on peut se demander s’il y a de grandes
différences entre ces deux cuisines et personnellement je dirais oui et non…
Certains plats sont semblables car par exemple le Punjab est une région à
cheval sur les deux pays mais d’autres plats sont vraiment uniques dans leur
genre. Par exemple on trouvera plus des plats à base de mouton ou agneau qu’en
Inde. De manière générale on pourra affirmer que cette cuisine se rapproche le
plus de l’Inde du Nord avec une tendance a un peu plus sucrer les préparations.
Et la
différence principale est probablement dans la cuisson des viandes et le kebab
qui est d’influence orientale, turque originellement.
C’est
d’ailleurs une des raisons pour laquelle le « Lahore Kebab House »
est un des établissements les plus fréquenté pour ce type de plat et où l’on se
doit de faire souvent la queue pour espérer trouver une table. D’entrée il faut
préciser qu’ici on ne vient pas pour « passer une soirée entre amoureux
mais pour simplement «manger ». Et dieu sait si ce que l’on y mange
est « bon »…
Dans une
rue pas forcément les plus touristique, un établissement au coin d’une rue avec
sa grande enseigne lumineuse rouge. Quelque personnes attendent à l’extérieur
et après avoir passé la porte soit vous aurez la chance de trouver une table
immédiatement soit patienter dans un des canapés à l’entrée un peu comme dans
une salle d’attente.
Le lieu est tout bonnement incroyable….entre énorme
cantine et salle communautaire arrangée avec des tables et un écran plasma dans
un coin que personne ne regarde.
Pas de
décor, pas vraiment un accueil comme dans un restaurant…hélez simplement au
passage l’un des serveurs et avec un peu de chance vous serez installés dans
l’une des deux salles dans une ambiance plutôt assez bruyante et festive. Comme
certains le disent, cela ressemble plus à l’intérieur de l’aéroport de Lahore
qu’un palais de sultan…
Entre ces
deux réfectoires, une impressionnante cuisine vitrée avec une armée de
cuisiniers en train de préparer les grillades, pains et autres préparations en
sauce. Sur un côté, un four « tandoor»
qui est en terre cuite (argile) en forme de jarre
A noter
qu’ici il y a une politique BYOB « Bring Your Own Bottle » qui
consiste à venir soit avec son vin soit sa bière achetée au coin de la rue dans
le premier débit d’alcools. Sur la carte une série d’entrées avec évidemment
des kebabs, des plats végétariens et principaux, des pains et des riz. C’est là
que sont d’ailleurs préparés les nans et autres pains que l’on voit
confectionner. Une cuisine où l’on se demande s’il s’agit vraiment de
cuisiniers ou plutôt d’amis venus aider.
Quelques papadums
assez légers avec un chutney à la mangue me feront patienter jusqu’à recevoir
ma première entrée.
La
spécialité de la maison semblant être les côtelettes d’agneau grillées, je
sélectionne celles-ci et je dois reconnaitre qu’elles furent absolument
délicieuses et différentes de tout ce que j’ai pu manger au préalable. Tout d’abord
la découpe est plutôt fine et large. Ensuite elles ne sont pas rosées mais bien
cuites et surtout magnifiquement parfumées car elles ont surement mariné dans
un ensemble d’épices un certain nombre d’heures si pas jours. D’ailleurs en
voici les composants :
2 cc de
graines de cumin
2 cc de graines de coriandre
3 cc de graines de fenouil
1 cc de poivre de Cayenne
1 cc de curcuma
Le jus d’un citron
75g de yogourt
4 cc de gingembre frais râpé
1 échalote finement hachée
2 cs de coriandre fraiche hachée
2 gousses d’ail écrasées
1/2 cc de sel
1 piment rouge haché
2 cc de graines de coriandre
3 cc de graines de fenouil
1 cc de poivre de Cayenne
1 cc de curcuma
Le jus d’un citron
75g de yogourt
4 cc de gingembre frais râpé
1 échalote finement hachée
2 cs de coriandre fraiche hachée
2 gousses d’ail écrasées
1/2 cc de sel
1 piment rouge haché
Un vrai
délice.
Autre entrée
avec un autre kebab, le « Seekh kebab » qui est une brochette d’agneau
épicée, a nouveau bien juteuse et parfumée.
Avec ces
entrées, un assortiment d’oignons, tomates, concombres et salade.
Ainsi qu’une
très bonne raita, mélange de yogourt et coriandre ciselée.
En plat
principal un « Karahi Gosht » qui est sans aucun doute l’un des plats
les plus populaire au Pakistan servi dans une sorte de wok appelé « karahi/kadhai »
qui donne le nom au plat. Une recette d’agneau à base de tomates, piments frais
rouges, piments en poudre, curcuma, « all spice », pâte de gingembre
et ail, de la coriandre fraiche. Ce qui
fait l’énorme différence entre un plat comme celui-ci et ceux servis dans d’autres
établissement est toute une série d’observations. Tout d’abord l’agneau n’est
pas gras car a bien été nettoyé. L’utilisation de beurre clarifié ou « ghee »
est minimale ne laissant pas comme souvent une couche huileuse sur le dessus de
la sauce. Et assurément le plus important…c’est que l’on sent que ce n’est pas « du
réchauffé » comme c’est souvent le cas… C’est un plat préparé du jour et
il est probablement impossible de mieux le réaliser.
Pour accompagner
un « Pilau rice » qui est un
simple riz avec une partie cuite avec du curcuma et l’autre nature. Quelques
épices comme éventuellement des graines de cumin et de la cardamome verte ainsi
que des feuilles de laurier et petits pois. Et à nouveau le connaisseur
remarquera que ce riz est une perfection. Très souvent le riz basmati est
collant ou alors de piètre qualité. Comme n’importe quel riz comme par exemple
en Italie, il y a différentes qualités et évidement différents prix… On
reconnaitra la qualité supérieure par la longueur de son grain qui ici frôle le
centimètre. Ensuite le grain se détache, le mélange est subtilement beurré.
Un pain
pour accompagner et évidement je choisi un “Peshawari nan” car ce type de pain
n’existe qu’au Pakistan et a la particularité d’être un peu sucré car à l’intérieur
on y retrouve des noix hachées, de la noix de coco ainsi qu’un mélange d’épices.
Ils sortent d’un tandoor…légèrement beurrés sur le dessus, une perfection.
Un endroit
pour les vrais amoureux de cuisine authentique qui privilégient ce qui est dans
l’assiette au détriment du décor, une exceptionnelle table très informelle où l’on
découvre ce qu’est une cuisine pakistanaise magnifiquement préparée.
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