mardi 7 juillet 2020

Orea, Barcelone


C’est en début d’année que j’avais découvert cette nouvelle adresse dans l’Eixample qui avait ouvert au mois d’octobre de l’année passée. Un nom qui signifierait air ou ventilation, et qui aujourd’hui est complètement de circonstance…  Une bouffée d’air frais à la fois en termes d’approche culinaire ainsi que pour sa belle décoration intérieure.


Un concept plutôt innovant axé sur une cuisine que certains pourraient qualifier de « fusion » ou même internationale, mais cela serait plutôt assez réductif que de penser de cette manière. Nous trouverons ici une approche basée sur l’ajout d’influences d’autres parties du monde qui complètent des plats que tout le monde reconnaîtra. Simple mais en même temps complexe pour s’assurer de ne pas sombrer dans une juxtaposition d’ingrédients sans cohérence.


A la base de ce projet, Maya Shinde et Marc Bernat, respectivement d’origine Indienne et Catalane. Deux personnes qui accordent de l’importance aux produits de qualité, aux légumes et tout ce qui peut amener de l’étonnement à la dégustation.


Une architecture intérieure assez particulière et élégante, car cet établissement est organisé en quatre sections ou espaces. Sur le devant, une terrasse avec des plantes aromatiques comme thym et romarin rappelant le treillis d’un jardin, voire une pergola. Le sol de cette entrée est recouvert de panots (ces pavés typiques qui bordent les rues de Barcelone) créant un sentiment de continuité entre la rue et l’espace par lequel le restaurant est accessible.


Une salle avec de chaque côté tables et chaises avec des lampes en rotin naturel de diverses tailles, ensuite un bar de forme carrée avec quelques tabourets où l’on peut prendre un cocktail, voir même manger par exemple pour un lunch plus rapide. Rangées lumineuses sur les côtés servant de cellier.

Ensuite une troisième section semblable à la première,

Et au fond la cuisine située derrière des portes coulissantes en verre.


Ici c’est le chef Ismael Alonso qui a travaillé chez Arola de l’hôtel Arts  et à l’Hotel Mandarin Oriental qui est le consultant gastronomique de l’établissement qui préconisa une cuisine saine, fraîche, légère, mais pleine de saveur et de nuances d’autres cultures gastronomiques. Une cuisine du voyage et différente, avec sa propre personnalité. Un défi à relever : réaliser des plats savoureux, surprenants, riches et exclusifs, mais sans gras, huiles et ingrédients « lourds ».

Une carte très originale où l’on découvrira des assiettes où l’on retrouve d’audacieuses et inhabituelles combinaisons d’ingrédients.  Les plats sont organisés en quatre sections distinctes, des options vertes saines (légumineuses, salades et graines), des plats « de cuchareo » (riz, soupes, etc.), des plats de mer et montagne et des plats créatifs qui incluent également des options de viande et de poisson.  Une carte qui changera trois fois par annon seulement pour s’adapter aux produits de saison, mais aussi pour renouveler leur offre et continuer à surprendre.

Chacune des recettes comprend plusieurs ingrédients et sauces qui sont conçus pour compléter l’élément principal. Par exemple cette superbe aubergine fumée avec une sauce romesco à base de pistache, soupe à l’oignon et tagliatelles de calamar. En réalité une réduction d’oignon bien concentrée, l’aubergine cuite avec cette variante de sauce bien Catalane puis les fines lamelles de calamar sur le dessus. Cela tient vraiment de l’équilibre gustatif mais cela fonctionne vraiment très, très bien.


Un plat de légume tout aussi gourmand avec ce cannelloni de chou, ratatouille, crème de cèpes et shitaké. Version végétale. Ne cherchez pas la viande que vous ne trouverez pas. Au lieu de cela, vous remarquerez la garniture de légumes compotés, la crème de cèpes et de shiitake, et le chou, qui fait une feuille de pâtes pour envelopper tout. C’est vraiment délicieux.


Autre excellent plat végétarien que ce risotto de sarrasin avec son puissant fond de sauce, tomates confites et champignon de saison.

Encore une très belle assiette avec les Saint Jacques au beurre blanc ou plutôt de ton rose avec également de la langoustine, du chou fleur violet et ces œufs de poisson volants tobiko travaillés avec cette sauce beurre blanc.


Pour terminer, ce très tendre Wagyu cuit sous vide, avec son jus de cuisson et des pois chiches noirs qui viennent du sud de l'Italie, ou d'Inde, et sont une variété très ancienne et remarquable par ses particularités et sa saveur. C'est cette couleur qui leur a valu en partie d'être mis de côté au profit des pois chiches qu'on connait. Quelques petits minilégumes pour accompagner.


On connais tous les cheesecakes espagnols du Pays Basque ou ceux de Barcelone, mais je dois dire que voila une « nouvelle entrée » dans le haut du classement avec cette tarte au fromage avec granola, confiture de citrouille et gingembre, dans lequel il était facile de reconnaître le goût du fromage de brebis.



Second délicieux dessert avec ce riz au lait de coco, fruits rouges et muesli maison.


Avec cet excellent repas, une bouteille de Onra Lagravera 2018, un Costers del Segre, Garnacha blanca, Chenin et Sauvignon. Sur le nez, il y a de la banane, de l’ananas et de la pomme, très frais en bouche avec des fruits blancs et des minéraux, des baies.


Une belle découverte dans un Barcelone qui se devait d’un peu évoluer dans sa gastronomie, une carte pleine de personnalité, des assiettes très bien conçues et surprenantes un service soigné et un projet défini avec des idées très claires.

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