vendredi 7 mars 2014

La Molisana, Lausanne



Je dois avouer que je suis plutôt très méfiant des restaurants italiens en Suisse romande que je qualifierais généralement comme soit quelconques avec des cartes inintéressantes ou alors totalement surfaits où l’on vous fait croire que le chef fait une cuisine exclusive à des tarifs complètement surfaits car l’on vous a balancé sur l’assiette des tranches de lard de Colonnata…

Me rendant à un spectacle dans un coin peu décentré de Lausanne, me voici parqué non loin de l’avenue de Tivoli qui est une artère principale à l’entrée de la ville. C’est là que se trouve  la Molisana, un établissement qui de l’extérieure ne paie pas de mine et ressemble à d’innombrables autres pizzerias. Une fois à l’intérieur, on apprécie immédiatement l’accueil qui est souriant et chaleureux.

 
Une salle plutôt agréable où visiblement l’on a fait un effort sur la décoration avec des chaises recouvertes de velours, des rideaux du même tissu, une jolie exposition de bouteilles dans d’énormes caves à vin, un comptoir-bar où le patron semble être très à l’attention de ce qui se passe en salle.



On nous propose le choix de plusieurs tables et immédiatement l’on vient aimablement nous proposer de prendre un apéritif et nous apporter la carte. Notre serveur nous suggère quelques bouteilles de vin avec enthousiasme, ce qui est plutôt plaisant. A première lecture de la carte, on réalise que ce n’est pas qu’une pizzeria mais plutôt une trattoria avec une très belle sélection de plats. Evidement il y a des pizzas mais il y a bien d’autres plats plus intéressants que l’on ne voit pas partout et pour commencer une page dédiée à la truffe. 
 
Ce qui me plait c’est qu’il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Ceux qui ont un budget limité pourront choisir des mets classiques et si vous avez envie de faire un repas différent, les plats plus cuisinés sont vraiment attirants.  Je questionne notre sympathique serveur sur l’origine des truffes et ce dernier me dit qu’elles proviennent de Molise. Le Molise est une région d’Italie centrale, née de la séparation avec la région Abruzzes, marquée par la beauté de ses forets spectaculaires. C'est une région accidentée, de montagnes Apennins et de collines, la Mer Adriatique borde le Molise. Les prestigieuses truffes blanches sont fréquentes dans les vallées humides à l’intérieur d’une province de Molise appelée Isernia et dans les zones plus sèches, on trouve en abondance les truffes d’été et les truffes noires. J’imagine que le nom du restaurant provient donc de la région !

Des truffes noires avec au choix burrata, œufs, carpaccio et pâtes ou même divers tartares, servis soit en « entrée » soit en « plat ». Une aubaine de proposer « la dégustation » qui sera mon choix.

Première observation, le pain qui nous est apporté ne ressemble à rien de ce que l’on trouve localement car j’ai vraiment l’impression de manger un pain blanc italien. J’apprends que ce dernier est réalisé sur place, ceci confirmant ma pensée.

 
Pour commencer il y aura une salade de dent de lion. La salade est un mélange de feuilles toutes fraiches avec des croutons qui sont faits maison et poêlés au dernier instant ; quelques lardons bien égouttés et un œuf sur dessus parfaitement cuit car encore coulant. Ce n’est qu’une salade mais c’est vraiment soigné et parfaitement assaisonné.


Je reçois mon assiette de dégustation avec une burrata, un œuf et le carpaccio. 


La truffe est généreusement tranchée sur le dessus et les arômes de l’assiette me parviennent aux narines. La burrata des Pouilles avec son cœur bien crémeux est délicieuse et la truffe a une incomparable odeur de sous-bois, de terre et d’humus. 


L’œuf poêlé est cuit à la minute, le carpaccio est délicat. Une très belle assiette qui un vrais bonheur pour l’amateur de ce champignon.


Etant également dans une pizzeria, pourquoi ne pas tester une d’entre elles et cela sera la pizza Roberto, tomate, mozzarella, jambon cru, rucola, parmesan. La pâte est fine, généreusement recouverte des ingrédients. L’apparence est convaincante avec cette rucola bien fraiche et le parmesan frais coupé en lamelle. Une bonne pizza.


Je me laisserai tenter par les recommandations du chef du moment avec les tagliatelles aux cigales de mer et chaire de crabe. Une belle et généreuse assiette arrive qui semble être bien gourmande. Il y a pâtes et pâtes…et je dois avouer que ce fut vraiment délicieux dans son genre. Des pâtes maison cuites « al dente », une sauce réduite à base de tomates fraiches presqu’allégée sans trop d’huile et surtout ces délicieuses cigales cuites vraiment impeccablement. Elles sont encore moelleuses alors que souvent les pâtes avec des fruits de mer sont souvent quelconques car cela a trainé dans la poêle ou alors c’est du congelé. Le produit est excellent, l’ajout d’un peu de chaire de crabe apporte une saveur marine additionnelle.


Sur les recommandations de notre garçon, un joli vin des pouilles, Feudo  di Santa Croce, Malnera 2011 de Salento Negromaro, Malvasia nera.

 
Comme nous sommes vraiment séduits par cette irréprochable cuisine jusqu’à présent, nous partagerons un tiramisu qui a nouveau était tout simplement parfait. Souvent il a trainé dans un frigo, ou alors est compact ou même du liquide réside au fond… Ici c’est léger, frais ; tout est parfaitement dosé entre café, amaretto et mascarpone. 


J’oublie de préciser que le patron régulièrement vient contrôler que tout se passe bien à table et que le client soit satisfait, sans parler de la sincère poignée de main en arrivant.


Voici une table qui se donne beaucoup de peine. Des produits de qualité, des efforts dans les propositions de plats, une cuisine bien réalisée, un service courtois et souriant. Une belle adresse.

dimanche 2 mars 2014

Brasserie du Grand Chêne, Lausanne



Partis pour un spectacle non loin du Flon, je me suis dit qu’un repas au préalable serait le bienvenu sachant qu’il ne serait probablement pas voire peu facile de manger après 22 :00. Après quelques repérages, la brasserie du Grand Chêne me sembla être l’endroit idéal. Parking juste devant qui grâce à son ascenseur permet de rapidement descendre et surtout… c’est la brasserie du Lausanne Palace ! L’un des restaurants du plus prestigieux établissement de la ville.

Un repas limité en temps mais cela ne devait pas poser trop de problèmes. Sur l’entrée gauche du Palace, l’entrée de la brasserie ne peut être manquée avec une classique devanture de mareyeur. 



Une fois à l’intérieur nous voici effectivement dans un décor de brasserie mais quand même avec une touche élégante puisque nous sommes au Palace.



Un intérieur boisé avec presqu’un petit côté britannique, des tables élégamment dressées, une ambiance un peu feutrée. 

Nous serons donc placés au second dans une salle qui a vue plongeante sur celle du bas et qui a de grandes fenêtre qui donnent évidement sur la rue du Grand Chêne.  Un décor toujours plaisant mais comme je l’ai précédemment indiqué, plus chic que la traditionnelle brasserie style parisienne.




Une carte de plats traditionnels français avec évidement un choix de fruits de mer en plateaux mais aussi un certain nombre de mets vaudois ou je devrais plutôt dire « réinterprétation de mets vaudois ». Des choucroutes, des viandes, du pot au feu et aussi des classiques d’outre Sarine.

Comme il y a des moules qui sont affichées et que l’un des convives semble intéressé, je me demande si ce sont des Zélande ou des Bouchot. J’hèle notre garçon et lui demande l’origine de celles-ci et me répond de Slovénie…… Je ne savais pas si je devais m’écrouler de rire ou pas mais « celle-ci » je la classerai dans les annales des discussions de restauration et ne manquerai pas de la ressortir…. On pourrait me rétorquer qu’il y a un bout de côte dans le golfe de Trieste mais je doute très fortement que l’on aille s’approvisionner de Lausanne là-bas et en plus je ne suis même pas sûr qu’il y en ait… Le maitre d’hôtel qui passe par là nous confirme qu’elles proviennent d’Irlande et nous dit que comme c’est la fin de la saison, elles sont ramassées au large et donc plus petites...

Je choisis tout d’abord dans la sélection du mois un Saint-Chinian Veillée d’Automne 2009 du clos bagatelle, un vin très souple et gourmand avec des arômes de fruits noir. Ne me rappelant plus précisément où se trouve Saint-Chinian, je re-questionne notre serveur  de l’hexagone qui me dit « près du Gard »… Je ne savais pas si je devais à nouveau ou non rigoler mais c’est sûr que ce n’est pas dans cette région… 


Pour commencer une soupe à l’oignon gratinée pour l’un, qui s’avéra être vraiment délicieuse avec un bouillon bien concentré, un franc goût d’oignons presque sucrés et un fromage de qualité pour gratiner le tout.


Pour moi un pithiviers aux poireaux et saucisson vaudois « I.G.P. » de chez Suter. Normalement le pithiviers est un gâteau feuilleté à base de crème d’amande mais ici en version salée. La pâte est délicieuse, légère ; le saucisson (Indication géographique protégée) de Villeneuve est vraiment excellent ; la compotée de poireau est vraiment fine. J’apprécie également la couronne de salade frisée intelligemment assaisonnée avec un bon vinaigre bien classique et pas  le lassant balsamique. Une très bonne entrée à recommander.


En plat principal je choisis le soufflé de crabe pimenté sauce Nantua. Le soufflé est présenté au milieu d’une assiette avec sa sauce et sur le dessus un bouquet d’herbes fraiches avec de l’aneth et du cerfeuil. Le soufflé sent bien le crabe mais je regrette cet ajout un peu inattendu d’une sorte de crème à base de moutarde en grains qui ne s’harmonise pas trop bien avec la sauce Nantua. Sauce tout à fait bien réalisée avec un goût puissant d’écrevisses et cognac. 


En à côté une jolie petite salade mêlée pour accompagner le plat. J’apprécie que les feuilles soient différentes de celles de mon entrée.


Là où c’est la grande déception c’est avec la cocotte de moules en marinières, pommes frites. La qualité des moules est correcte mais la sauce est totalement insipide. Je m’attendrais tout de même à trouver autre chose qu’une sorte d’eau sans trop de goût avec quelques branches de thym dans un tel établissement surtout que cette recette est surement la plus éculée qu’il soit et quasi impensable que l’on puisse la rater… Nous signalons à notre cher serveur que ce n’était franchement pas terrible et celui-ci me dit « …avez-vous déjà mangé en France ? On ne peut pas comparer les moules ici avec celles servies à Paris… ». J’ai failli encore vraiment rire mais suis resté poli... Si l’on ne sait pas faire une « marinière » au Palace à Lausanne, il vaut mieux alors se cantonner à ne faire que des plateaux de fruits de mer et encore…


Les frites sont plutôt correctes mais sèchent rapidement.


Un repas donc plutôt amusant et tout de même un peu triste avec un service franchement pas à la hauteur de l’établissement avec des jolies entrées et le reste vous avec compris… Les prix sont tout à fait corrects pour un Palace mais ne vous attendez tout de même pas à trouver le niveau d’un Lipp ou l’équivalent.