mardi 5 novembre 2013

Taverna dello Spuntino, Grottaferrata



Quelques jours à Frascati au sud de Rome, me voila à la recherche d’une table que je pourrais qualifier de correcte et surtout ouverte un lundi soir ce qui n’est pas franchement facile comme dans beaucoup d’endroits. Finalement ce n’est pas a Frascati même que je trouve celle-ci mais la localité voisine appelée Grottaferrata. Une trattoria ou plutôt une taverne rustique appelée « Taverna dello Spuntino » qui existe depuis 1960 et spécialisée en cuisine romaine.

Dans une rue plutôt calme, cette taverne à l’air plutôt engageante vue de l’extérieure avec ses plantes le long des murs et les éclairages mettant en valeur cette ancienne demeure. 


Au milieu de la facade, une vierge comme si l’on allait entrer dans un édifice religieux.


Une fois le pas de porte franchie on réalise que nous ne sommes pas dans un lieu de culte mais une salle très traditionnelle qui pourrait être une cave à vin ou un lieu de stockage à l’époque de matières premières. 


Tout est soigneusement et méticuleusement décoré avec des tables recouvertes de nappes oranges et de bouquets de fleurs, des murs avec des étagères ou sont alignées d’innombrables bouteilles, sur des côtés des jambons qui pendouillent entre des bouquets de piments séchés et des chapelets d’aux, des petites courges comme décoration.



Murs de pierre et mobilier de bois s’associent ; les casseroles en cuivre rajoutent un côté un peu chargé à l’ensemble. Une salle de restaurant sur plusieurs niveaux au milieu de laquelle se trouve une cheminée. 


Nous somme dans un lieu principalement fréquenté en ce moment par les locaux car il n’y a pas l’ombre d’un « touriste » à part moi ce soir. Sur un meuble un assortissement d’huiles d’olives et divers vinaigres balsamiques.


Le probable patron m’accueille avec le sourire, baragouine quelques mots d’anglais réalisant que mon italien est plus que basique, bien que mon serveur m’aie parlé en italien toute la soirée.. Je me suis contenté d’essayer de mettre des « i » et des « o » à mon français…. Bref cela n’a pas été un problème puisque la carte existe aussi en version anglaise avec « sous-titrages italiens »…

Je passe les entrées car « primie platti et secondi… » me suffisent largement. La carte propose uniquement des plats du latium et tant mieux. De la cuisine régionale et authentique qui finalement n’est pas si simple à trouver. 

En attendant mon choix, je me vois apporté un « amuse gueule » plutôt consistant ; un pain croquant dans lequel se trouve une sorte de boudin ou de saucisse. Je en suis pas très sur de l’ingrédient mais c’est plutôt bon.


Comme je souhaite faire une exprérience locale, je choisis des gnocchis aux châtaignes avec de la saucisse et du romarin ; un plat typiquement romain selon mon aimable serveur.

Une corbeille de pain arrive avec entre autre une foccacia toute chaude puis quelques instants après mon « entrée ». Je mets ceci entre parenthèse car la portion est franchement gargantuesque.


Une magnifique platée de gnocchis légèrement doux par l’adjonction probale de farine de châtaigne, le tout dans une très bonne sauce bien parfumée avec de la saucisse mais qui est plus de la « chaire à saucisse » que des morceaux et un bon parfum de romarin. Le tout est recouvert d’un très bon parmesan fraichement râpé. Voici typiquement ce que j’appelerais un plat de « cuisine campagnarde italienne ». C’est gourmand, un peu écoeurant sur la longueur et après avoir terminé mon assiette, je me demande si j’ai encore faim…


En « secondi piatti » ou plat principal, j’ai choisi l’agneau de lait rôti. Je ne suis pas sur pourquoi (ou alors j’ai mal lu) mais mon assiette à nouveau énorme arrive non seulement avec ce cochon de lait mais aussi des côtes d’agneau grillées comme si j’allais manquer de nourriture… Une grande assiette garnie de deux tranches d’excellent porc, des côtes d’agneau un poil trop grillées pour moi et le tout recouvert de pommes de terre sautées…

 
Oui...c’est bon...c’est riche pour ne pas dire autre chose et je ne peux terminer. Je « re » découvre une cuisine que j’avais un peu oubliée depuis de très nombreuses années. 

Lorsque mon sympathique serveur m’a proposé du vin alors que la carte des vins est ici est impressionnante, il m’a suggéré un merlot de San Giovese de la maison servit en carafe au prix de 6 euros le ½ l….

Comme je n’ai pas pris de dessert pour la simple et bonne raison que c’était tout bonnement impossible, mon serveur m’apporte de ces biscuits dont je ne me rapppelle plus le nom mais qui sentent un peu l’anis et qu’il me dit de tremper dans mon restant de vin…


Le café restera un moment de pur bonheur me rappelant que seuls les italiens et les autrichiens savent le préparer. Un café étonnement servi dans une tasse de porcelaine peinte et recouverte sur un petit napperon en macramé…. 


Et ô surprise je me vois offert une délicieuse grappa de Blanc E Neri plutôt de couleur ambrée.

 
La je me dis que ce lieu est en dehors de toute mode et que le temps passe sans que rien ne change…. On cuisine ici comme l’on cuisinait il a a dix ans et même cinquante ans… Pas de mise en scène, pas de fioritures ni surtout d’innovation. Une cuisine que je qualifierais de campagnarde et d’une autre génération. Certes  trop riche, trop grasse, mais presque rassurante sans être exceptionnelle  et qui peut être considéree au moins une fois lors d’un périple en Italie.





samedi 2 novembre 2013

Café du Rhône, Valleiry



Valleiry est un petit village de Haute-Savoie se trouvant entre Saint-Julien et Bellegarde. On dira qu’en une vingtaine de minutes depuis Genève vous y serez facilement car la route est « toute droite » et sans trop de trafic le soir. C’est la que s’est ouvert il y environ une année un bistrot que vous aurez probablement beaucoup de peine à trouver sur la toile car tout simplement le patron n’est pas un afficionado des technologies et de plus ne voit pas la valeur d’être visible de cette manière car le bouche à oreille fonctionne très bien. Alors pourquoi effectivement s’enquiquiner avec « cela »…

Vous ne manquerez pas l’établissement au 187 route de Bellegarde car la vache le long de la route vous en indiquera l’emplacement. Rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une vraie vache mais d’une réplique grandeur nature sur laquelle se trouve une casserole… 



Le Café du Rhône propose un parking à quelques mètres pour la clientèle et semble aussi avoir une terrasse mais devant l’établissement, probablement plus pour prendre un café par beau temps. 

 
La raison pour laquelle j’étais à prime abord interessé par cet établissement est liée au fait qu’il s’agit d’un Bouchon Lyonnais ! Le type de table que j’apprécie énormément ocasionnellement car cela peut souvent être un excellent moment avec de la cuisine canaille que l’on trouve souvent difficilement en dehors de Lyon. 


Une fois entré dans la salle principale, vous vous direz sans aucun doute… « Eh bien oui c’est un vrais Bouchon !». Un comptoir en entrant à gauche et une salle pleine de tables de bistrot joliment décorées avec leur nappes à carreaux rouges et blancs, la sur-nappe de papier, les ballons pour le « jaja »…

 

Les murs rouges sanguins avec de multiples décorations et cadres. Indéniablement l’endroit est fidèle à ce qu’un Bouchon devrait être même si la patine du temps n’est pas encore présente. On se sent bien, l’endroit à tout pour plaire.



Sur l’une des parois, le menu à 29 Euros avec entrée, plat principal, fromage et dessert ! Et tout cela au choix. On croit rêver. Des plats traditionnels autour de la tripe ou autres abats mais aussi des viandes et autres préparations toutes alléchantes. Une carte qui change au grès des saisons selon le chef avec lequel nous avons eu une sympathique discussion en fin de repas.


Pour attendre, on nous apporte une coupelle avec quelques tranches de saucisson et des grattons ; une vraie spécialité lyonnaise. Réalisé avec de la panne de porc, le gras est découpé en morceaux de taille raisonnable et ensuite mis à fondre dans une casserole afin d’en extraire le saindoux. Ce qui en reste sont des parties plutôt solides et rissolées que l’on agrémente de sel et de poivre.


En entrée je prends la chartreuse de choux et d’andouillette. Généralement apprêtée de diverses manières; au petit-salé, au lapin, avec de la pintade et encore mieux au perdreau, faisan ou Grouse ; ici donc à l’andouillette.  A l’origine, ce plat ne se cuisinait qu’à partir de légumes mais avec le temps diverses interprétations culinaires sont apparues. Il s’agissait à la base d’une macédoine de légumes montée dans un moule uni, à timbale. Ici le chou est l’élément de base et l’andouillette y a été incorporée je dirais subtilement car si vous n’êtes pas amateurs de cet aliment, je vous garantis que le plat fut parfaitement préparé avec un goût finalement ne mettant pas trop en avant le produit. On y retrouvera de même quelques brisures de noix dans la farce. Une fine sauce probablement avec une base de tomates pour agrémenter le tout.


Autre entrée, les langues d’agneaux sauce ravigote. Pour les amateurs de langue un vrai délice car celle d’agneau est plus fine que celle de veau. Dressée sur un peu de chou rouge râpé, les langues sont cuites à la perfection et la sauce ravigote ; une sorte de vinaigrette à base en principe de câpres, d’oignons et d’herbes, accompagne parfaitement le tout.


Le foie de veau beurre persillé sera peut-être légrèrement décevant non pas en raison de la préparation mais son côté légèrement dur. Rien de grave mais un foie tendre, c’est quelque chose de magnifique !


Un joli gratin de pâtes en guise d’accompagnement.

 
Mais le « hit » de la soirée fut la Quenelle de brochet maison, sauce écrevisses, riz. Je n’avais pas mangé ce plat depuis de nombreuses années et j’avais vraiment envie de redécouvrir ce plat qui fait partie de la culture gastronomique française. Souvent baptisées de Nantua mais aussi Lyonnaise, elle fut à l’origine une des manières de préparer les poissons pêchés dans le plateau des Dombes.

Ce plat c’est presqu’un quitte ou double. Soit c’est à la limite de l’infecte lorsque les quenelles sont non seulement pas de brochet mais industrielles et spongieuses; la sauce avec un goût sans finesse. Soit c’est un magnifique plat lorsque l’on prend le temps de les préparer avec de bons produits.

Je vous garantis à nouveau que cela a du être parmi les meilleures quenelles que j’ai mangé. Réalisées sur place avec du brochet tous les deux jours ; d’une incroyable légèreté presque comme un soufflé et accompagnées d’une sauce elle aussi très fine et pas trop crémeuse. Même l’autre convive qui n’a jamais aimé les quenelles… a reconnu que c’était délicieux !


Une jolie assiette de fromages pour suivre avec une forume d’Ambert, un St Félicien coulant, du Comté et une tomme-reblochon.


Comme desserts nous avons sélectionné un sorbet Cassis arrosé au marc de Bourgogne et des pruneaux au vin.  Desserts gourmands et généreusement servis d’ailleurs comme l’ensemble du repas.



Avec ce repas un Moulin à Vent domaine du Granit Tradition 2010 de chez Bertola-Bessone. A noter que toutes les bouteilles peuvent être détaillées en 3 ou 5 dl, ce qui est plutôt agréable.


J’oubliais de dire que l’accueil et le service fût tout au long du repas très disponible et souriant, assuré par une dame et deux jeunes filles.

Il faut aussi savoir que le Café du Rhône propose chaque samedi en fin de mois « le machon ». Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’une tradition qui fait partie du patrimoine gastronomique lyonnais. C’est tôt le matin que l’on s’attable pour manger des cochonailles, tripes ou autres plats tout cela arrosé de beaujolais. D’après ce que j’ai compris, le restaurant est transformé en une grande tablée et pour 20 Euros c’est un repas avec je crois vin à volonté… Donc si a 8 :00 du matin vous êtes attirés par du cassoulet…du cochon de lait….ou autre chose (plat unique différent à chaque fois), vous aurez où aller ! (sur réservation).

Eh bien voici un délicieux lieu où nous avons mangé une cuisine roborative et de qualité comme dans peu d’endroits dans un agréable décor et sympathique ambiance. Chapeau !