Le bistrot de quartier dont tout le monde
parle depuis un certain temps, mythique et souvent considéré comme un des
temples de la cuisine Catalane. Un établissement où la tradition perdure depuis
de nombreuses décennies.
Adresse reprise récemment par Roger Solé et Rodrigo Castillo, respectivement Catalan et Péruvien qui font de la magie tous les jours dans cette petite cuisine quelque peu inconfortable, de ce quartier de Sant Antoni. Je dis repris car celui-ci était en vente en 2024, à la recherche de nouveaux propriétaires capables de conserver l’esprit de la maison. Roger, originaire de Lleida avec un passage au Colmado Wilmot, et Rodrigo formé chez Hofmann et fervent défenseur de la cuisine catalane.
Mais surtout, celui qui devait reprendre les lieux devait respecter une autre condition importante : maintenir son statut de bodega. Les anciens propriétaires retournés en Galice voulaient que l’entreprise reste entre les mains de quelqu’un qui comprenne la philosophie de cette maison ouverte en 1943.
Située dans la rue du Parlement qui est probablement l’un des premiers grands exemples de gentrification à Barcelone. Une rue qui relie le Raval à Poble Sec, qui est devenue le centre de ce processus, passant d’une rue inoffensive à une zone de loisirs pleine de bars, de librairies et de lieux de design.
Le nom vient de son fondateur, en 1943, José María Gol, mais l’ambiance footballistique est une décision des nouveaux propriétaires qui ont voulu « relooker » l’endroit tout en conservant l’âme du bar d’avant. Le décor est presqu’inchangé, tonneaux en hauteur, comptoir classique et série de tables au fond.
La grande différence étant cette série de photos de joueurs de football du passé.
En quelques mois seulement, le Bar Gol est devenu le sujet de conversation de tout le monde gastronomique de la ville. Ici les produits sont évidemment, généralement achetés au Mercat Sant Antoni situé à proximité. La carte a ses classiques mais il y aura tout de même tous les jours des plats nouveaux.
Et c’est parti pour les braves. À Madrid, c’est une traditionnelle sauce à base de bouillon et de paprika chaud, épaissi avec de la farine, mais à Barcelone, les bravas sont généralement avec un aïoli et une huile épicée. Ala Bodega ou bar Gol, elles ont leur point d’originalité, après les deux fritures, l’une à feu doux et l’autre à une température plus élevée, elles sont recouvertes d’une lactonnaise à l’ail, puis un sauté avec de l’oignon, de la tomate, de l’ail et quelques autres secrets est ajouté et terminé avec une huile épicée. Celles-ci sont excellentes, la sauce aux tomates pimentée comme il le faut.
Les hors-menu sont forcément de saison. Avec du maquereau à bon prix, on peut faire des merveilles. Rodrigo prépare une marinade avec une tête d’ail coupée en deux qu’il fait sauter dans beaucoup d’huile, puis ajoute l’oignon, les grains de poivre, la feuille de laurier et la carotte coupée en tranches. Avant d’ajouter le maquereau, ajoute le paprika doux dissous dans du vinaigre et le retire avec la chaleur résiduelle. En entrée, il le sert avec un peu de zeste de citron. Quelle chose de vraiment délicieux.
Ensuite du « bull negre » accompagné de champignons. Le « taureau noir » est peut-être la saucisse catalane la plus méconnue, surtout chez les plus jeunes. Et il a une saveur et une texture intéressantes à découvrir. Le « bull negre » (prononcez « Bouille negra ») est une charcuterie cuite de catalogne centrale. À la manière du boudin, le bull negre comprend du sang, ce qui lui donne sa couleur noire. Il se déguste froid, coupé finement, sur une tranche de pan con tomate (pain sur lequel on a frotté une tomate et arrosé d’huile d’olive) ou alors comme ici chaude avec une poêlée de champignons.
Un le plat culte qui est bien évidemment les « callos », ici préparées avec les « trois tripes » : le feuillet, avec une texture plus ferme et un aspect similaire aux feuilles de livre, d’où le nom ; la présure, à la texture plus moelleuse et gélatineuse ; et le nid d’abeille, facilement reconnaissable à son motif caractéristique en forme de nid d’abeille. Une sauce avec du chorizo piquant.
Et en dessert, définitivement une crème catalane qui est la perfection car la parfaite texture, la croute de sucre très fine, les saveurs très fines, c’est a ne pas manquer.
Une adresse incontournable pour les amateurs de cuisine authentique catalane qui risque probablement devenir la prochaine cible de tous les guides…on ne l’espère pas…
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