samedi 4 janvier 2025

Moscada, Barcelone

 

Un repas de réveillon restera toujours très compliqué dans un restaurant car souvent la proposition est soit médiocre, soit trop chère ou encore pas franchement attirante question atmosphère. Néanmoins, sachant que le restaurateur a le temps de s’organiser, d’anticiper le nombre de couverts, d’avoir un menu unique, on peut se permettre de penser qu’il n’y a aucune justification de franchement « planter » cela. De plus, si une soirée de ce type donne une idée pas franchement positive, on peut se poser des questions pour les autres jours de l’année.


A première vue Moscada nouvel arrivé en ville semble être un restaurant idéal pour une cuisine méditerranéenne qui se distingue par l’accent mis sur les techniques de cuisson lente, les plats d’auteur et une atmosphère élégante et accueillante, parfaite pour les petits-déjeuners, les déjeuners, les soirées et les dîners décontractés entre amis et en famille.




Une proposition plus que raisonnable pour un menu de réveillon à 70 euros boissons incluses, il n’y a rien en théorie à redire.


La salle de restaurant est joliment aménagée et décorée avec des éléments de fête tel que des couronnes de sapin et divers autres objets de Noël. Une structure de bâtiment typique de Barcelone avec de hauts plafonds et briques sur les murs.


Tableaux sur murs, étagère avec diverses poteries, un design vraiment bien pensé. Salle en longueurs avec diverses tables pour quatre personnes ou plus.


Le menu pour l’ensemble de la soirée offre tout d’abord quelques tapas assez conventionnels.  Du jambon de Bellota un peu fade pour commencer.


Du pain à la tomate sans histoire.


Une salade crémeuse de pommes de terre et moules en escabèche, aux pickles et avocats. Un goût un peu étrange de fumé comme s’il y avait du poisson, pas plus crémeuse que cela…Franchement pas terrible.


Des croquettes crémeuses (encore…) de jambon ibérique de Bellota. Limite trop coulantes.


Des moules de Galice au curry vert et lait de coco aux fines herbes plutôt réussies.


Un tartare de thon avec une émulsion d’avocat, sauce acevichada, pomme et œufs de truite. Je ne sais pas pourquoi mais cela n’a pas vraiment de goût et je suis un peu sceptique sur la qualité du thon.


Le plat de résistance est une vraie catastrophe presque immangeable. Sensé être un filet de bœuf de Galice, sauce périgourdine à la truffe, pommes de terre rate au four. La viande n’est en aucun cas du filet, complètement surcuite, dure. La sauce est une marre de gras…la truffe invisible. C’est vraiment mauvais.


Le dessert est plutôt réussi, un gâteau au fromage type basque avec un peu de Gorgonzola et d’Idiazabal avec un coulis de fraise.


Vins, eau et cava compris.

Comme je l’ai dit, pour ce prix c’est plus que correct mais franchement ce repas aurait pu être un peu plus soigné, et offrir une viande comme cela…incompréhensible.

jeudi 2 janvier 2025

Xeixa - Casa De Menjars, Barcelone

 

Visites reportées tout d’abord a cause d’une problématique de covid et ensuite un ratage dans la maintenance des jours d’ouverture dans les réseaux sociaux, me voici finalement chez Xeixa.


Il faut déjà se féliciter que l’on trouve ce genre d’établissement dans le quartier gothique car c’est devenu vraiment problématique de trouver quelque chose supposé être de qualité ; les nouvelles ouvertures se faisant principalement dans l’Eixample, Sant Antoni et en moindre mesure à Poblenou, Sants et voilà.


Ensuite le cadre est plutôt assez unique car le lieu est situé dans une petite ruelle, dans un palais du XVIIIe siècle, qui abritait autrefois un bordel connu sous le nom de Cá la Mercè où Picasso s’est ensuite inspiré pour peindre Les Demoiselles d’Avinyó (1907), l’un(e de ses œuvres les plus importantes. Cette Casa Joan Gabriel est un bâtiment situé au 44 de la rue Avinyó et au 7 de la rue de Carabassa, classé bien culturel d'intérêt local.  Il abrite actuellement l’Espai Ferrer i Guàrdia, un athénée d’entités géré par la fondation du même nom et de l’autre côté le restaurant.


Le restaurant possède également un espace d’exposition qui est donné gratuitement aux artistes, en échange de quoi ils allouent 5 % des ventes à People Help, une ONG dédiée à la lutte pour les droits des femmes en Afghanistan. Txell est également responsable des expositions de peinture et de photographie qui ont lieu à côté de la sortie Avinyó.


Le nom « Xeixa » n’est pas une coïncidence ; est une ancienne variété de blé qui persiste à Ibiza, en hommage aux marchands de blé génois qui possédaient autrefois ce majestueux bâtiment. Ce choix est non seulement lié à l’identité locale, mais reflète également l’engagement du restaurant envers des ingrédients authentiques et de qualité.


Entretemps cette table a remporté le prix TheFork Awards 2024, mais bon…ce sont des votes qui à mes yeux n’ont pas de grande valeur et de plus on sait qui est derrière cela…Comme tous les concours ou liste, je n’y prête pas vraiment attention.

Les murs en pierre transpirent l’histoire et l’intérieur est l’un des plus beaux que j’ai pu voir depuis très longtemps. La rénovation étant de toute beauté. À l’intérieur, sous la voûte catalane, il y a un bar bas type japonais et un four à bois Josper, puis tout autour un certain nombre de tables.

On remarquera également les impressionnants lustres artisanaux tous différents les uns des autres, qui sont plutôt assez uniques dans leur genre et probablement réalisés pour cette pièce.


Dirigé par un trio de femmes très motivées et visionnaires : Meritxell Pujol qui est en salle officiant en tant que maitre d’hôtel, Sara Valls se trouvant seule dernière les fourneaux et Carlota Paytuví, cet établissement est un clin d’œil à l’histoire de Barcelone, un espace méditerranéen, un retour à l’origine, au simple et à l’essentiel.

Une cheffe valencienne de Castellón avec une formation exceptionnelle au prestigieux Hofmann et une expérience dans des coins gastronomiques renommés tels que Koy Shunka et Nuclo.

Une cuisine de marché qui ne se limite pas à être étiquetée comme cuisine catalane; elle se définit comme étant une cuisine méditerranéenne, allant de l’Empordà à Alicante et s’étendant jusqu’aux îles Baléares. Cuisine marquée par l’éternelle recherche de saveurs, de fraîcheur et de contrastes, une cuisine pas forcément compliquée, mais vivante en perpétuel changement avec le grill comme fil conducteur, une proposition qui regarde toujours vers le végétal et les milieux marins. Tout se cuisinant ou presque avec un four a bois Josper que l’on a plus besoin de présenter au vu du succès phénoménal observé dans un grand nombre de restaurants.

Ici on met donc un accent particulier sur le respect du produit : toujours de saison, local et exploitant au maximum sa saveur. En guise de bienvenue, une excellente mise en bouche avec une sorte de brioche ou plutôt bricelet avec au centre une mousse de morue comme un peu une brandade allégée.


La carte est étendue avec des propositions du jour, comme par exemple ces œufs brouillés aux champignons tels que chanterelles et trompettes de la mort, le tout recouvert de bajoue ibérique, un plat qui sent bon la forêt, qui se mange avec gourmandise et assez régressif.


Une très jolie huitre Gillardeau no 2 avec une vinaigrette balsamique.


Un excellent carpaccio de crevettes rouges avec sa bisque. La bisque étant un probable jus de tête travaillé afin de renforcer le goût de ces magnifiques crevettes au goût sucré.


Une autre impressionnante huitre mais cette fois-ci chaude avec une crème de maïs et du charbon. En fait d’un côté une huitre fermée d’où s’échappe une fumée de la braise du Josper, de l’autre l’huitre tiède avec sa crème de maïs. Dommage qu’une partie de cette huitre est surcuite, comme quoi gérer de multiples plats dans un four a bois est complexe.


Le cannelloni aussi hors de la carte est à vrai dire une déception. Une sauce fade, pas assez salée un peu trop basique car une béchamel cela peut considérablement s’améliorer. Et puis ce plat est l’un des plus courant en ville et ce ne sont pas les versions de qualité qui manquent. Aussi, le prix est honnêtement exorbitant, car 28 euros pour trois petits cannellonis, il ne faut pas non plus exagérer. Ensuite il y a si on le souhaite, un supplément pour de la truffe vraiment très chichement servie je crois a 6 ou 8 euros...C’est un peu franchement trop. La sauce additionnelle à base de pomme ne me convainc pas trop en plus.


En revanche le calamar « a la bruta », est une délicieuse combinaison de calamars cuits avec de la boutifarre noire et de la soubressade, un hommage à la riche tradition culinaire des îles Baléares. Cette approche créative et respectueuse des saveurs locales et insulaires est une belle chose. Soubressade de la maison Cal Tomas.


Recommandé par un ancien sommelier de Disfrutar, un Arinzano Hacienda Chardonnay D.O.P Pago de Arinzano. Un vin Très expressif et dans le style des Chardonnays de Chivite. Nez d’agrumes et d’exotiques. Une bouche avec du volume, un goût de réglisse, dense, profond et minéral.

Incontestablement un lieu mémorable, unique, historique et magnifiquement agencé. Un concept de restauration parfaitement dans l’air du temps, intelligent, cohérent et respectueux de l’environnement. Une cuisine gourmande, totalement focalisée sur le produit local et de saison avec des techniques culinaires plutôt axées sur la braise. A priori la cheffe semble être seule dans cette cuisine et gérer autant de plats et d’assiettes avec comme principal outil la braise est selon moi un exercice périlleux qui peut occasionner quelques ratés. Il faut également se rendre compte que certains plats ont des prix un peu gonflés et que le ticket de sortie est un peu élevé dans cette catégorie d’établissement.

Une très agréable soirée dans un lieu vraiment unique à au moins visiter une fois, si pas plus.