vendredi 15 février 2019

Le Moulin de Léré, Vailly


Table qui vient de recevoir sa première étoile depuis les dernières annonces il y a quelques jours du Michelin, on se demandera si l’inspecteur n’était pas ivre ce jour là en raison de la piètre prestation reçue ce soir. Certes, ils n’ont pas demandé de figurer dans le guide et probablement ne s’y attendaient pas selon ce que j’ai pu entendre être dit en salle. Un établissement plein pour deux raisons. La première c’est que c’est la soirée de St Valentin et la seconde, que tout le monde depuis quelques jours s’intéresse à cette nouvelle récompense. Tant mieux…mais là., on se pose tout de même trop de question après ce laborieux repas.

Une réservation qui depuis inclut une chambre, leur grand menu en 7 plats (indiqué clairement sur l’offre accessible depuis leur site ), un petit déjeuner et une bouteille de champagne. Une offre intéressante et parfaite pour cette soirée. L’endroit est incontestablement charmant ; un ancien moulin dans la nature, la vue sur les montagnes, la roue à eau sur un côté. Lieu bucolique qui de plus a bien été décoré.




Avant de détailler les composantes de ce menus, quelques premières observations. 

Si vous prenez une offre avec hôtel inclut (seulement cinq chambres), on s’attendrait à un peu plus d’égard et non pas être placé juste à côté de la porte de la cuisine… A ma remarque, on s’excuse platement…et me dit que les tables avaient été attribuées en fonction de la séquence des réservations ! On se demande si l’on n’est pas dans un rêve…

Le service malgré quatre personnes en salle fût plus que laborieux. Un manque d’efficacité certain, une simple dépose de plats sur les tables comme dans un repas communal et souvent une méconnaissance des assiettes. Sans oublier que la dépose est aléatoire sans un circuit pensé ; une fois c’est une table qui reçoit l’assiette, une autre fois...c’est une autre.

Etonnement l’établissement ne semble pas avoir une vaisselle pour autant de monde…donc certains on reçut des plats dans des substituts d’assiettes…

La carte des vins est d’un certain minimalisme, le choix fort réduit et les prix pas franchement amicaux. On se demande si l’on n’essaie pas de se rattraper en chargeant sur les flacons…Une prise de commande du vin qui tarde à venir.

Le menu décrit sur une feuille de papier mentionne que les fromages sont en supplément (10 euros), alors que le site mentionne clairement qu’il s’agit du « Menus Omnivore (menu « dégustation « en 7 services) ». Quand on me dit que « l’offre est un menu Saint Valentin », clairement…ils ne savent pas ce qu’ils vendent…Et c’est ce que j’appelle de l’incompétence.

Bon ceci dit, passons à la cuisine et aux plats servis. Pour commencer une mise en bouche avec une couenne de porc frite, soufflée avec à l’intérieur une préparation de boudin et des brisures de noisettes. La couenne est un peu caoutchouteuse.


Le pain sur la table et bien levé et parfaitement croustillant.


Première entrée ou plutôt les amuse-bouche au « gré de leurs envies ». Une présentation assez contemporaine comme l’on trouve dans quelques restaurants ; pives, lichens, branches d’arbres et quelques cailloux. Une tuile de lin avec une mousse de chèvre, une autre tuile avec un tartare de féra et une mousse de pommes de terre fumée avec un bourgeon d’ail des ours fermenté. Ensemble de bouchées assez agréables pour démarrer ce repas.



Pour continuer, topinambour, champignon, brisures de pain et truffe melanosporum. Une mousse bien crémeuse à base de ce légume racine qui vient d’un siphon. Peut-être un peu de champignons dedans ; sur le dessus les brisures et la truffe râpée. Il me semble qu’il y a aussi quelques champignons séchés émiettés et un peu d’huile. Si le plat est bien pensé, le problème principal c’est que c’est tiède pour ne pas dire parfois pas chaud… Dommage.


Le plat qui nous aura le plus séduit et définitivement le plus aboutit sera celui intitulé « le brochet du léman ». Une interprétation d’une quenelle de brochet mais plus dirons-nous légère et sans sauce, ni gratinée. Une mousse de brochet sur laquelle nous trouverons de jeunes pousses d’épinard, du persil et du chou frisé. Un jus vert comme support. C’est léger, moderne et très bon.



Ensuite le plat principal qui lui est résumé sous l’intitulé de « veau du Chablais ». Indéniablement la viande est gouteuse et très tendre. On pensera qu’il s’agit d’une cuisson lente sous-vide. Maintenant où le bât blesse, c’est que le seul accompagnement c’est une grosse cuillère d’un risotto d’orge et de trop nombreux oignons grelots. Pas de vrai légume et surtout aucune sauce, aucun fond. C’est vraiment beaucoup trop simpliste comme assiette. On dirait une assiette qui n’a pas été achevée… Ou alors…du vite fait…Un rôti tranché…on ajoute cette cuisine et voilà…en salle. Plat que l’on peut vraiment faire à la maison.


Alors que clairement le fromage devait être dans ce menu, on me demande si nous en voulons… ce qui sous-entends une majoration de prix de 10 euros par personne. Pas franchement très content, suite a ma réclamation, nous voici tout de même « offert » une assiette de quatre fromages. Fromages locaux tous excellents.                                                                       


Les desserts arrivent avec tout d’abord un « framboise, épicéa ». En fait une sorte de beignet ou ce que l’on appelle parfois une boule de Berlin, une confiture de framboise au milieu. Un peu un goût d’huile et à nouveau tiède. L’épicéa est une sorte d’infusion sans trop de saveur.



Comme dessert principal un fondant au chocolat avec une boule de glace au lait cru de la vallée sur le dessus.  Même si ce fondant est bon, c’est un peu trop simple pour une table gastronomique. Un fondant, on le fait à la maison.


Un choix d’un vin de Savoie très intéressant, l’Amariva G&G Bouvet en 2012.  Vin à base de cabernet sauvignon et de persan, vieux cépage rustique redécouvert par hasard au cœur des vignes du domaine puis replanté et qui exprime la rudesse des hivers savoyards. Vin avec du fruit et de la longueur.


Une très décevante soirée pour toutes les raisons évoquées ci-dessus ; une cuisine qui ne mérita vraiment pas d’étoile ce soir et ni même de Bib Gourmand.  

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