Lorsque
l’on remonte la côte, il faut s’arrêter à Zahara de Los Atunes. Un petit
village reconnu comme une entité locale autonome de la municipalité de Barbate,
qui concentre dans son petit centre historique la lumière du sud et une
excellente offre gastronomique. Ce discret village de pêcheurs, autrefois axé
sur l’almadraba (l’art avec lequel on pêche le thon rouge) vit aujourd’hui,
principalement, par et pour le tourisme.
Les plages
s’étendent entre le centre du village et presque le cap Gràcia. Cinq kilomètres
de côtes parallèles à une mer d’eau cristalline striée de couleurs turquoise.
Son sable est fin, doré et abondant. Tout aussi remarquable est la qualité de
ses eaux, reconnues par le drapeau bleu et les badges « Q for Quality ». C’est
une plage appréciée des baigneurs car elle dispose de nombreux services,
parkings et bars de plage et aussi de ceux qui aiment pratiquer des sports
nautiques tels que la planche à voile et la plongée.
C’est sur
cette plage que se trouve le réputé Antonio qui est d’une part un restaurant
mais également un hôtel. Ce restaurant Antonio considéré comme luxueux et haut
de gamme, a commencé comme un bar de plage, fût créé en 1981 par Antonio
Mota Pacheco. Depuis lors, il y a eu plusieurs agrandissements et la
construction d’un hôtel annexe. Antonio Mota est actuellement accompagné dans
la gestion par ses fils : Carlos, Juan Antonio et Alejandro. La réservation
doit se faire des mois à l’avance car il est fort peu probable de trouver une
table quelques jours avant.
Le
restaurant a été entièrement rénové en 2017, dispose d’un espace tapas et de
deux salons avec de grandes fenêtres qui vous permettent de voir la mer et la
plage. Côté cuisine, l’établissement fait partie de ceux qui ne ménagent pas
leurs efforts pour rechercher des produits de première qualité avec une cuisine
à base de poissons et de fruits de mer. Vous devrez toujours être attentif aux
suggestions du jour qui varient selon le marché. Cet établissement ne ménage
aucun effort pour rechercher des produits de qualité supérieure. C’est donc un
bon endroit pour manger du sébaste, des fruits de mer du détroit de Gibraltar
et du thon rouge d’Almadraba, le tout exposé dans une sorte d’étal de marché.
Pour tout
cuisiner, un professionnel de longue expérience, Joaquín Olmedo, qui a remporté
de nombreux prix ces dernières années sur les routes locales des tapas,
continue d’innover et de surprendre avec de nouveaux plats. Sa cuisine a évolué
avec son temps, étant à l’heure actuelle une référence dans la cuisine du thon
rouge, mais sans jamais perdre de vue les origines de sa cuisine actuelle.
Chez
Antonio, vous pouvez aussi manger des tapas, ce qui est toujours une solution
moins chère, bien que si vous optez pour cette option, vous manquerez la salle
à manger qui a quelque chose de spectaculaire. A l’entrée donc, nous voyons un
beau bar et un espace de tapas aux tables hautes avec quand même une grande
zone de passage, vous voila prévenu.
Il va
presque sans dire que si vous appelez pour réserver (indispensable), demandez
l’une des tables de cette salle à manger à côté de la fenêtre. L’expérience est
alors totale. Il peut déjà s’agir d’un vent d’ouragan venant de l’est que vous
serez là comme une personne privilégiée en train de manger tranquillement en
regardant la mer.
Vous ne
pouvez pas entrer dans Antonio sans d’abord jeter un coup d’œil à sa
fantastique exposition de poissons.
Commençons
par la tapa de courtoisie : de délicieuses pommes de terre assaisonnées servies
dans une coupelle.
Lorsque l’on
vient chez Antonio, en tant que Mecque du thon, vous devez commander leur
célèbre tartare de thon, pour beaucoup le meilleur de la province. Mais
est-ce le cas ? A postériori, c’est un plat que l’on sert dans beaucoup d’endroits
et honnêtement il est difficile de prétendre qu’il est meilleur à un endroit que
l’autre car la découpe est similaire et la qualité semblable. Probablement que
Antonio a dû inspirer d’autres établissements. Maintenant où le bas blesse c’est
que partout on vous le sert de manière exagérément Asiatisée… Un phénomène de
mode amplifié par les tables japonaises, mais n’est-ce pas un peu la facilité ?
Wasabi.gingembre en pickles…salade d’algues sucrées…saveurs d’huile de sésame…mayonnaise
épicée et quelques germes. C’est un peu finalement sans personnalité, même si
le thon est excellent. Probablement que c’est le public qui veut cela.
Le pain « maison »
est absolument délicieux, ici au curcuma. Je relève cela car il est rare de
trouver du bon pain dans la région.
Pour avoir
mangé d’innombrables tortillas de camarones ou omelettes de crevettes, une
spécialité de la région ; celles-ci ne sont probablement pas les meilleures,
car une texture un peu molle, légèrement huileuses et le goût de la crevette n’est
pas assez puissant.
Maintenant le
must c’est de manger le thon rouge qui est proposé dans diverses coupes, comme
du bœuf, même approche. Chaque morceau ayant une texture et saveur différente,
puis le taux de graisse diffère également.
Maintenant il faut savoir que cela ne peut pas forcément plaire à tout
le monde et je vais expliquer cela. Nous avons essayé tout d’abord un morrillo
de thon grillé, coupé à une épaisseur comprise entre 0,5 et 1 cm, chaque
morceau est plutôt de petite taille mais vous réaliserez que l’on ne mange pas
cela en grande quantité ! En effet c’est
extrêmement riche, un peu gras, délicat et avec un léger point rose dans la
zone intermédiaire de chaque tranche. Mais à la longue cela peut devenir
aussi un peu écœurant. Le morrillo de thon rouge est l'un des
morceaux les plus recherchés et les plus demandés de ce poisson en raison de sa
saveur et de sa texture incomparable. Cette portion de chair de thon rouge
almadraba est celle qui recouvre le dessus de la tête. Intéressant et
une vraie découverte ; un petit morceau se suffit à lui-même.
Le deuxième
morceau étant le solomillo ou surlonge du thon, située à côté de la longe.
Comparé à d’autres morceaux tels que le ventre ou la queue, c’est une viande
d’un rouge plus intense, mais avec des qualités plus maigres et un pourcentage
de graisse plus faible. Également cuit presque cru, et un peu les mêmes
observations que précédemment. A vrai dire, les yeux fermés, on pourrait
confondre avec une viande rouge. L’accompagnement étant une sauce type tartare.
Sur une
autre assiette, quelques légumes tels que courgettes, tomates et pommes de
terre. Une expérience intéressante mais peut-être pas ce que l’on mangerait à
tous les repas. Bien entendu ceci est très personnel.
Comme dessert,
retour un peu en enfance en me rappelant les glaces malaga qui sont à base de
raisins secs et de rhum. Ici c’est une version avec du Pedro Ximenez et de la
crème fouettée. On rappellera que le Pedro Ximénez, qui est aussi le nom du
cépage, est un vin blanc de voile élevé en "Solera" pendant 5 ans. Un
vin blanc frais et généreux mais à la couleur caramel, aux notes de raisins
secs et de chocolat. En bouche, il est doux, ample, et onctueux, avec des
rappels de caramels, de café, avec du lait, et du cacao sur un fond de raisins.
Un vin à l'amertume douce et fine, qui pourra se déguster sur des desserts aux
fruits mais également avec des fromages à pâte persillée. Sur une glace type café avec ces raisins, c’est le
pur bonheur.
Un vin
blanc avec ce repas, un Alba Balbaina Barbadillo 2022. Les raisins de ce
monocépage Palomino Fino poussent sur les sols de calcaire blanc (Albariza)
dans le triangle magique entre les villes de Jerez, Cadix et Sanlucar de la
Barrameda. Ils proviennent des plus vieilles vignes du vignoble Balbaina Alta à
Jerez Superior et ont au moins 20 ans. Le moût est fermenté dans un endroit
frais à 16°C dans des cuves en acier inoxydable avec des levures naturelles.
Dans le parfum, il présente de jolies notes de noisette et une légère influence
de levure flor. En bouche, il semble immensément juteux, montre à nouveau des
arômes de pomme et de noix. Il est léger en corps, ce qui est confirmé par sa
faible teneur en alcool, mais il montre tout de même de la tension et surtout
un jeu salin-minéral qui lui donne de la complexité.
Alors
comment résumer tout cela… Sans aucun doute, l’emplacement est magnifique, le
restaurant élégant, la carte propose une section plus conventionnelle avec des
poissons ou des fruits de mer, une autre section de la carte est axée sur le
produit phare de la région qui est probablement cuisiné ici de manière
parfaite. J’ai été ravi de déguster ces produits mais peut-être que cela n’est
pas complètement représentatif de tout ce qu’Antonio peut offrir culinairement
car finalement, « il y a peu de cuisine », que du produit. Produit
qui plait énormément ou intéressant à découvrir. A refaire si de passage, avec
d’autres mets. L’hôtel est somptueux et la plage magnifique.