Un nom un peu étrange que celui de ce
nouveau restaurant ! « Gingko » vient de l'arbre national chinois, le
Ginkgo biloba ou aussi connu sous le nom de Gingko biloba, symbole de force, de
résilience et de longévité.
A la tête de cet établissement, Chunlin Yu a vécu 14 ans en Chine puis 14 ans à Barcelone. Après avoir obtenu son diplôme chez l’étoilé Hofmann de Barcelone, acquis de l’expérience chez l’également étoilé Lluerna dans la même ville, Paco Roncero (Madrid) et Gresca (Barcelone), et être retourné plus tard à Hoffman en tant qu’instructeur, le voyage s’est poursuivi. En 2023, avec un ferme désir de créer des plats reflétant une vision personnelle, la préparation de l’ouverture du Gingko a commencé.
Tout comme l'arbre de Ginkgo, qui a survécu à des millions d'années, son restaurant reflète cette même persévérance et vitalité. L’équipe est dédiée à sélectionner des ingrédients de haute qualité, offrant une expérience culinaire saine et délicieuse, basée sur le naturel. Mais attention, ce n’est pas selon moi une cuisine fusion qui est un terme un peu devenu péjoratif. Leur cuisine est une intégration subtile entre la gastronomie traditionnelle chinoise et la gastronomie méditerranéenne, et une touche personnelle et unique de Chunlin, propriétaire et chef, né en Chine, mais formé donc professionnellement en Catalogne. Apprécier un plat ici ne donne pas l’impression de manger une cuisine asiatique mais plutôt une cuisine européenne avec des techniques locales mais avec quelques clins d’œil vers la Chine. Ne surtout pas s’imaginer se trouver dans un restaurant chinois car justement le chef veut rompre avec les stéréotypes de la culture chinoise.
D’une fascination pour la pâtisserie, une passion plus profonde pour la cuisine a progressivement émergé. La cuisine ici est une question d’équilibre : les techniques traditionnelles chinoises rencontrent les ingrédients méditerranéens, créant quelque chose de familier et de nouveau à la fois. Le genre de saveurs qui vous surprennent de la meilleure des manières, profondément complexes, mais réconfortantes.
Pensez à de la haute cuisine, mais tout à fait accessible. Gingko propose quelque chose de nouveau à la scène gastronomique de Barcelone, C’est l’un de ces endroits qui donnent l’impression d’être une découverte, même s’il est situé en plein cœur de la ville.
Les médias se sont plus sans surprise a immédiatement qualifier cette cuisine de « catalo-chinoise »…bon eh bien c’est un point de vue discutable car c’est un peu plus subtil que cela. D’une manière simplifiée, la cuisine chinoise célèbre la symphonie d’éléments divers, tandis que la cuisine méditerranéenne se concentre sur la pureté des saveurs et l’élégance de la simplicité. En fusionnant ces philosophies, l’équipe vise à défier les conventions culinaires traditionnelles, à briser les stéréotypes sur la cuisine chinoise et à mettre en valeur la coexistence de l’artisanat et de la créativité, et à repousser les limites qui ont été imposées à ces traditions respectives.
Une entrée avec un bar, un couloir avec des
tables hautes et deux salles à manger, un peu plus classiques en tout cas dans
l’aménagement.
Chunlin, Jesse van Buuren en cuisine et
Guillem Capmany en salle.
Aucun plat sur la carte ne laissera vraiment penser a ce que vous allez manger. Par exemple ces très croustillantes et moelleuses bravas d’aubergines bravas avec une sauce à base de soja, épicée et de la liqueur chinoise. Si j’ai bien compris, l’origine de ce plat remonte au jour où il a dû préparer la nourriture de l’équipe Gresca et a improvisé cette alternative aux pommes de terre.
Le plat qui m’aura le plus impressionné est ce douchi qui est du soja noir fermenté, accompagné de laitue braisée et d’anchois moelleux, charnu, de l’Escala. Un plat vraiment puissant, qui lorgne vers les saveurs de ces sauces de poisson asiatique avec sur le dessus des feuilles de shiso pour une touche de fraicheur végétale. Les haricots salés sont utilisés dans la cuisine Chinoise et d’Asie du sud-est pour donner du « peps » aux plats avec sa fameuse saveur umami. Il est clair que le chef Chunlin Yu, met tout son cœur à réunir ces deux univers culinaires, et cela fonctionne à merveille.
Pour suivre un très fin flan salé aux trompettes de la mort sur lequel l’on trouve une touche d’huile de sésame. Ce plat pourrait très bien être sur une carte française.
Autre plat très surprenant, un ragoût de rascasse aux pâtes de Konjac. Déjà ce n’est pas un poisson très fréquent ici et la sauce comme une bisque est très fine. La pâte de konjac est un aliment bien connu qui est utilisé en Chine et au Japon depuis plus de deux mille ans pour ses bienfaits pour la santé. Elle est issue de la racine du konjac, un tubercule riche en fibres, très peu calorique, au grand pouvoir rassasiant. Par conséquent, ces pâtes se caractérisent par l’absence de glucides et sont pratiquement des pâtes sans calories. La pâte de konjac, a une texture agréable, car elle ressemble plus aux pâtes traditionnelles.
Pour terminer su pied de porc cuit et grillé à la mandarine et une sauce à la demi-glace de porc et émulsionnée avec du gras de bœuf maturé : un excellent fond de viande.
Le dessert est lui aussi une réelle surprise et probablement rare. Composé d’une glace d’osmanthus crémeuse, de miel de la fleur de cette plante, de noix de coco et de riz fermenté. L'osmanthe est une fleur traditionnelle chinoise, une fleur emblématique qui pousse aussi au Japon. Elle est très prisée pour son arôme fruit, abricot-pêche. En Chine, le thé à l'osmanthus associe des fleurs d'osmanthus sucrées à des feuilles de thé noir ou vert.
Un vin blanc avec un Pedro Méndez Viño branco do Val 2023, 100% Albarino. Expressif, citrique, floral, peu salin pour un Salnés (en partie élevé en barriques). Riche et élégant.
Un bien intéressant concept, une approche qui bouscule le panorama culinaire en ville avec des idées percutantes, des assiettes intelligentes, surprenantes et gouteuses. On espère que cela plaira à tout un chacun car cela sort bien entendu des sentiers battus.