Cela faisait un moment que je n’étais pas
retourné chez Almarge de Badalona; un des mes amis me disant que c’était l’une
de ses tables favorites, je me suis dit qu’il fallait rapidemment y retourner.
On se rappellera que cette table au centre de la petite ville fût ouverte en
2019 et que depuis, les retours ont toujours été élogieux par les épicuriens.
Aujourd’hui c’est pour un déjeuner que je viens et nous sommes dimanche, ce qui est plutôt bien agréable de savoir que cette table est ouverte car ce n’est pas forcément toujours le cas. Depuis la première fois, les reconnaissances des guides sont apparues et visible dans la devanture.
L’intérieur n’a pas changé, toujours aussi agréable et joliment décoré, avec des bouteilles exposées un peu partout. Cette fois-ci c’est dans la salle du fond que nous déjeunerons, face au puit de jour avec des plantes.
En cuisine toujours Germán Franco et Marta Rombouts sommelière qui gère la salle avec une grande connaissance des vins. C’est toujours un restaurant considéré comme proposant des produits de la ferme à la table, figurant dans le Guide Michelin depuis 2025, connu pour son accent sur les ingrédients locaux et ses interprétations contemporaines de la cuisine méditerranéenne traditionnelle.
La carte est toujours aussi de saison avec des assiettes que l’on se partagera avec l’envie de se concentrer principalement sur les produits de la mer. Des assiettes toujours appétissantes, légères avec des associations créatives, avec des clins d’œil espagnols ou même un peu français.
Par exemple ces délicieuses tomates marinées au vinaigre de Jerez, farcies aux sardines et courgettes. On trouvera dans l’assiette également quelques pickles avec du chou-fleur, du concombre, des câpres, de la menthe fraiche et un peu de tapenade. Une assiette estivale de grande fraicheur. Je remarquerai que par la suite toutes les assiettes auront toujours cette petite touche acidulée ou vinaigrée.
Autre belle assiette avec du maquereau mariné et grillé à la flamme, cerises en escabèche et olives noires. Le poisson est évidemment encore un peu cru, on retrouve cette acidité avec les cerises marinées. Probablement une crème à base de raifort comme complément.
Nous continuerons avec de la bonite « séchée », basilic et aubergines. Je ne sais pas si le terme est adéquat mais c’est ce qui la traduction littérale du catalan, on pourrait dire légèrement « cuite » comme un gravlax, avec a priori un jus d'amande, basilic et ail, oignon compoté et aubergine. C’est toujours dans la même optique, du poisson entouré d’éléments très frais et un peu d’acidité.
De l’agneau Xisqueta a la ravigote. Agneau comme on l'appelle à Pallars, région d'où provient cette race Xisqueta. Nourris uniquement avec du lait maternel et du fourrage bio. Le résultat : une viande douce, tendre et savoureuse que l'on accompagne ici d’un demi glacé mais aussi d’une sorte de sauce ravigote, une vinaigrette froide additionnée de câpres, persil, cerfeuil, estragon, échalote ou oignons hachés. Aussi un peu de menthe et des feuilles de blettes ou épinards.
En dessert un "tornemi" fait sur le moment farci avec une crème de mascarpone. Le mot "tornemi" fait référence à un type de pâtisserie, un beignet, originaire de Badalona. Il est souvent décrit comme un "xuixo" local, bien qu'il y ait des différences dans la pâte et la garniture. Le nom "tornemi" viendrait de la phrase "Tornem-hi!", qui signifie "Revenons-y!" en catalan, en référence à la popularité de cette pâtisserie et au désir des gens de revenir en acheter davantage.
Ensuite une crème de citron épicée, cerises macérées et meringue, dessert bien acidulé, léger et rafraichissant.
Comme vin un Rioja Tentenublo Roberto Olivan, VLAV 2023. L'image amusante qui apparaît sur son étiquette reflète la signification de son nom : tentenublo était un carillonnement de cloches qui était autrefois utilisé dans certaines régions d'Espagne pour éloigner les tempêtes de grêle, si préjudiciables aux vignobles. C’est un vin qui se distingue par des arômes opulents de fruits blancs mûrs et des nuances de fleurs sauvages. Au palais, il se révèle frais, doux et savoureux. C'est un vin d'une grande buvabilité, doté d'une acidité des plus séduisantes.
Et pour le dessert même si ce n’est pas dans un registre de vin doux, La Bota Palo Cortado 102 Equipo Navazos. Le Palo Cortado est une variété de sherry assez rare qui mûrit d’abord sous flor pour devenir un fino ou un amontillado, mais qui perd ensuite son voile de flor et commence à mûrir par oxydation. Le résultat est un vin avec un peu de la richesse de l’oloroso et un peu de la croquance de l’Amontillado.
Une très belle table qui continue à proposer une cuisine sincère, conviviale et essentielle avec des racines catalanes mais aussi avec des touches françaises où ils utilisent des produits de grande qualité et locaux.